décembre 2017 | Feuille de Quint
Nous avons appris le 25 août que nos 2 emplois aidés ne seraient pas renouvelés, malgré l’accord verbal de Pôle emploi…Alors…alors…..
Le lundi 4 septembre, les parents d’élèves ont refusé que leurs enfants soient accueillis dans la classe, estimant que Christian, le maître, ne travaillerait pas dans de bonnes conditions, aussi bien au niveau de la sécurité qu’au niveau pédagogique. Sur les 18 enfants attendus, 9 ont moins de 7 ans, dont 6 en CP.
Les parents se sont organisés pour accueillir les enfants de 8 heures à 17 heures, pause méridienne incluse, dans les locaux de la mairie, pendant 3 semaines ! …. Un planning a été établi avec 2 adultes par tranches de 2 ou 3 heures. Tout le monde s’est investi et les enfants ont été entourés par des parents qui proposaient des activités, des grands parents et des habitants de Ste-Croix et de Pontaix qui apportaient gâteaux et friandises….Ils n’ont manqué de rien sauf d’école ! Beaucoup étaient effectivement impatients de retrouver leur classe et leur maître !
Jusqu’à ce que les démarches portent leurs fruits.
Manifestations devant la sous préfecture, barrage filtrant à l’entrée de Die, courrier et entretiens avec d’autres communes, le sous préfet, l’Inspecteur académique, le sénateur, les médias …..
Le 25 septembre, après un accord de principe sur le renouvellement des contrats aidés, Stéphanie et Coralie reprenaient leur place auprès des enfants, pour la garderie du matin, du midi et du soir et pour une présence, à tour de rôle dans la classe.
Notre école est sauvée……jusqu’à la rentrée prochaine…..Cette aventure a soudé les parents, les enfants et les élus de Ste-Croix dans un projet commun, dynamique et cohérent autour du plaisir du vivre ensemble.
Josiane Brocaud
décembre 2017 | Feuille de Quint
Bien sûr l’herbe jaunit, les animaux entament les fourrages d’hiver, la Sûre est à sec et les champignons sont absents…Mais les colchiques fleurissent, les couleurs de l’automne nous enchantent et l’on profite jusqu’aux derniers moments de ces belles journées d’un été qui se prolonge.
Alors verre à
moitié vide ou à moitié plein ?
Dans la vallée les multiples activités « citoyennes » font florès : l’aménagement d’un bac de culture devant l’EPI, les projets de fours à pain qui avancent, la transformation de l’abri bus de St Etienne en préau collectif, le désherbage du cimetière de St Andéol, etc…Toutes actions qui témoignent d’une véritable envie de bien vivre ensemble, de savoir vivre peut-être; sans parler de l’école de Sainte Croix qui réussit à maintenir un poste d’assistante maternelle, de l’ancien monastère de Ste Croix qui s’ouvre au cirque une fois de plus avec le festival des « éphémères », de la maison communale de Vachères dont les travaux avancent grâce aux habitants qui mettent la main à la pâte, ni du restaurant « le bistrot badin » qui ouvre ses portes à Saint Julien ! Alors oui, définitivement, le verre une fois encore est plus qu’à moitié plein dans la vallée de Quint. Il y a de quoi s’en réjouir!
Bruno Robinne
décembre 2017 | Feuille de Quint
In Vino Veritas dit-on… C’est à l’École du Vin, non loin de Lyon que Malik Delgado et Lola Hirth se sont rencontrés. Arrivés dans la vallée de Quint en
2016 et installés à St-Julien depuis peu, ce jeune couple dynamique, sympathique et expérimenté est aux commandes du Bistrot BADIN, Restaurant / Épicerie / Bar proposant une cuisine traditionnelle simple et goûteuse et qui a fait son ouverture le jeudi 19 octobre. Un projet de longue haleine voulu et porté par le Maire de St Julien-en-Quint et son
conseil.
Lola, son diplôme Hôtellerie-Restauration (salle & cuisine) puis une spécialisation en sommellerie en poche, a fait ses armes en œuvrant dans un Bar à Vins puis dans le restaurant maternel dont elle devient l’associée à part entière. L’activité y est intense et saisonnière.
Malik pour sa part a des origines chilienne, canadienne et française. De formation littéraire à la base, il s’est reconverti dans l’Hôtellerie- Restauration avec un diplôme de cuisinier puis une spécialisation en sommellerie. Il a fait ses classes dans des restaurants étoilés et y perfectionne son art dans les caves à vins, organisant notamment
des ateliers ludiques lors de séminaires de connaissance du vin.
Nos deux Quintous d’adoption sont aussi des “globetrotters” tout autant que des polyglottes et pendant plusieurs années ils ont mis à profit les
mois d’hiver, où leur activité professionnelle était moindre, pour partir voyager, apprendre, toujours apprendre, tant les langues étrangères que les
processus de vinification en Australie et au Chili, visiter famille et amis, goûter les saveurs des cuisines d’ailleurs.
À l’origine de leur arrivée dans la vallée, c’est une annonce postée sur le site de la Communauté des Communes du Diois qui a attiré leur attention et leur intérêt. Participer à un projet communal leur a semblé une belle opportunité de pouvoir s’installer et s’investir professionnellement en accord avec leur vision personnelle du métier. D’autant plus que le premier contact avec la vallée de Quint a été décisif, tant par l’accueil qui leur a été fait que par la beauté de la région. Ils ont senti que là existait un dynamisme et un fort pouvoir attractif, ce qui leur a donné envie d’investir toute leur énergie dans cette entreprise. Participer à la création d’un lieu convivial et ouvert à tous, raviver, resserrer et rassembler les liens au sein cette belle vallée, voilà ce qui leur a plu. Ils auraient envie, comme dit Lola que « tout le monde se sente chez soi, chez nous. »
Ils ont eu à cœur de faire du Bistrot BADIN une vitrine de la vallée et sont allés rencontrer les producteurs locaux, s’informant de leurs moyens de productions, pour comprendre comment ils travaillent, goûtant les produits, tissant ainsi petit à petit des liens de confiance. Pour le Bistrot BADIN, ils ont choisi des produits qui leur plaisaient et un des facteurs décisifs pour leur sélection a été une éthique respectueuse de l’environnement et de l’animal. S’ils privilégient les productions locales et le circuit court, dans la vallée de Quint comme dans des vallées voisines, tel par exemple un projet de partenariat pour le maraîchage sur le col de Marignac avec l’association « Les Jardins Nourriciers », les deux jeunes
restaurateurs / sommeliers restent ouverts à d’autres perspectives de
collaboration.
Et de conclure, « Si le projet a été possible c’est que le Maire de St-Julien et ses adjoints se sont mobilisés pour porter cette entreprise de bout en
bout. Nous nous sommes sentis soutenus dans cette création. Nous avons nos idées et nos envies pour faire vivre le Bistrot BADIN mais nous restons
ouverts à toutes propositions qui pourraient faire de ce lieu un endroit de partages et d’échanges, le tout sur un mode chaleureux et convivial. »
A vrai dire, le projet de Malik & Lola est en fait un projet à trois car la petite Bonny s’est invitée dans le cercle familial et a fait son arrivée à la Maternité de Die au début de l’été 2016. Ils sont heureux et ravis à l’idée de la voir grandir dans ce lieu de rencontres et de détente au contact d’une clientèle variée, qu’il s’agisse d’habitants de la vallée de Quint et du Diois ou de touristes de passage.
Souhaitons belle réussite à Malik & Lola et longue vie au Bistrot BADIN, pour le bonheur de tous les gosiers et les papilles de la vallée de Quint!
Sarah de Caumon
L’ouverture du Bistrot BADIN a eu lieu le jeudi 19 octobre. Tous les curieux ont été conviés à partir de 16h pour venir fêter la naissance de cette belle aventure.
L’inauguration officielle en présence des élus locaux aura lieu le 02 décembre !
mars 2017 | Feuille de Quint
Alors
je reprends mes recherches et je découvre que colombier signifie
beaucoup plus que la simple définition du dictionnaire.
Voici
le résultat de mes recherches : « Un colombier était à
l’époque
féodale
un édifice destiné à loger et à élever des pigeons.
Le colombier est nommé plus souvent pigeonnier depuis le XVIIIème
siècle,
mais le terme de colombier peut désigner un pigeonnier en forme de
tour, généralement indépendant des autres bâtiments.
Au
Moyen
Âge
et après, la possession d’un colombier à pied, construction
séparée du corps de logis, ayant des boulins (nichoirs) de haut en
bas, était un privilège du seigneur haut justicier. Chaque boulin
correspondait à la possession d’un arpent carré (ou acre) de terre,
c’est-à-dire 50 ares ou 5 000 m² (x boulins divisés par 2 = y
hectares).
Oups,
la famille habitant Le Colombier en 1580, date du colombier, devait
donc être une famille noble ou de haute influence possédant un
domaine très étendu !
Dans cette hypothèse, je replonge dans Google
et après quelques … heures, je trouve « Les petits cahiers
de Marc Gauer, généalogiste connu et spécialiste de la noblesse du
Vivarais. Un de ces petits cahiers est consacré à la famille
Jossaud qui comprend une branche vivaraise et une branche provençale.
Dans ces quelques pages, résultats de recherches certainement très
longues et fastidieuses, il est mentionné un François de Jossaud.
Voici ce qu’écrit Marc Gauer :
« François de JOSSAUD, originaire de Provence, accompagna en qualité de médecin, Henri III en Pologne. Il se maria, une première fois en Pologne, et à son retour en France, s’établit à Saint-Julien-en-Quint, où il acheta la terre du Colombier, domaine qui n’a cessé depuis lors d’appartenir à la famille. Sa femme étant morte peu après, Il se maria une seconde fois avec Nn REBOUL de la JULIERE. »
Henri III, 4ème
fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, est parti pour la
Pologne en décembre 1573. Le 21 février 1574 le jeune prince de 23
ans est sacré roi de Pologne dans la cathédrale
Saint-Stanislas. Mais Henri regrette la cour de France réputée
dans toute l’Europe
pour ses fêtes et, sans la permission de la diète
polonaise, il s’échappe en catimini dans la nuit du 18 juin 1574
du palais
royal du Wawel.
C’est donc en 1574
que François de Jossaud revient en France et enracine sa famille au
Colombier avec 2 fils, David qui se fixera à Montclar et Jean qui
restera à St-Julien.
Deux siècles après,
nous retrouvons des descendants Jossaud, nés à St-Julien, devenus
famille de négociants dans « huguenots-france.org » où
sont cités Paul Jossaud né avant 1748, Pierre né avant 1719
négociant en soie à Saillans, Pierre marchand toilier né vers 1746
et décédé à Lyon en 1785, Gabriel né en 1750 et décédé à
Lyon en 1799, Jean-Baptiste, négociant à Lyon vers 1787, …
Et cent ans plus
tard, comme nous l’avons vu, la famille verra se succéder dans ses
rangs des percepteurs et receveurs des impôts …
Maintenant tout est
clair, je comprends mieux et peux laisser dormir en paix dans
leur petit cimetière protestant les derniers descendants de cette
grande famille Jossaud !…
Voici comment se
termine l’épopée de la famille d’un gentilhomme, médecin du
roi, qui venant de sa Provence via la Pologne s’installa en 1574
dans notre petit coin perdu de la vallée de Quint et a forgé la
belle histoire de près d’un demi siècle du Colombier.
Danièle LEBAILLIF
Sainte-Croix
mars 2017 | Feuille de Quint
Habitant
St Julien, je reçois ” la feuille de Quint ”
depuis environ deux ans. Étonné de n’y avoir vu à ce jour aucun
article consacré à ce qui me semble être un problème majeur de la
vie dans la vallée, à savoir la présence des loups et les attaques
répétées contre les troupeaux, je me décide à en dire quelques
mots.
La
présence des loups dans la vallée de Quint, comme dans tous les
territoires pastoraux, est un facteur de déclin, de plusieurs points
de vue : économique, environnemental, sociologique et culturel.
Déclin
économique parce que, outre un surcroît de travail, les attaques
contre les troupeaux occasionnent de lourdes pertes aux éleveurs :
brebis tuées et blessées, avortements, pertes de fertilité,
paniques. Les indemnisations ne compensent que les dégâts vérifiés
et chiffrables. Les moyens de protection des troupeaux, tels que
gardiennage renforcé, clôtures, et chiens de protection sont aussi
déraisonnablement onéreux. En partie pris en charge par la société,
ils rehaussent encore, quels qu’en soient les payeurs,
le prix de revient monstrueux de
la présence des loups.
Déclin
environnemental parce que pour tenter d’éviter les attaques, les
éleveurs modifient leurs pratiques. Par exemple, les pâturages les
plus enclavés ou les plus éloignés des fermes ou bordés de bois
ne sont plus utilisés qu’en dernier recours, quand l’herbe se
fait rare ailleurs. Conséquence inéluctable : les landes se
boisent, les paysages se ferment et les espaces pâturés se
réduisent aux fonds des vallées. D’autre part, la faune sauvage
subit aussi des évolutions liées à la présence des loups :
disparition considérable des gibiers tels que biches, mouflons,
chamois, chevreuils, et modification du comportement des survivants.
Enfin,
déclin sociologique et culturel parce que la présence et la
protection – on pourrait dire la sacralisation – des loups produit
des bouleversements tels dans les pratiques et les mentalités
paysannes, que l’on perçoit déjà, après seulement quelques
années de présence des prédateurs, de nombreuses manifestations
d’indignation, de colère, ou pire, de résignation, des éleveurs
de la vallée. Quel jeune voudra
demain reprendre ou créer un élevage en connaissant les contraintes
supplémentaires qui lui sont imposées par le statut d’espèce
protégée des loups, et en sachant que, quoi qu’il fasse, il aura
toujours à subir des attaques ? Tous les scientifiques le
disent et les éleveurs le vérifient quotidiennement, le loup est un
animal opportuniste qui donc s’adapte à toutes les situations. De
plus, ce que l’on appelle son ” comportement social ”
(vie en meute, chasse en meute, propagation par essaimage au sein des
meutes), le rend quasi invulnérable du fait que son seul prédateur
est l’homme et que la loi (humaine) interdit à l’homme de
remplir sa fonction (naturelle) de prédateur. Le
déclin culturel réside dans cette contradiction avec les lois de la
nature contenue dans le fait de protéger les loups qui ne sont pas
en voie de disparition, en sacrifiant des pratiques et des modes de
vie qui ont, à l’inverse, construit l’harmonie entre cette
nature et les hommes qui la peuplent.
Un
cynisme commode et résigné nous conduirait à dire que seule
l’espèce humaine est capable d’un tel suicide. En réalité nos
attitudes face aux prédateurs n’ont rien à voir avec un
comportement d’espèce. Elles sont plus simplement les conséquences
de décisions politiques devenues
lois qui donnent priorité à une forme d’artificialisation de la
vie, déguisée en retour vers la nature, ou plus vaguement vers ”
le naturel “, au détriment d’activités humaines et de modes
de vie, donc d’une culture,
jugée d’un autre temps, dépassée, inadaptée, et que l’on
réduit à son folklore pour nous permettre de la conserver, mais
juste pour faire joli sur les photos. L’histoire des colonisations
nous l’a appris : pour imposer une domination, on commence
toujours par dénigrer, déconsidérer les cultures paysannes (celles
du pays).
Il
y a souvent dans la notion de protection de la nature une arnaque
intellectuelle tendant à faire croire que pour la réinstallation de
certaines formes de vie sauvage, il n’y aurait pas d’autre
solution que sanctuariser des territoires à l’intérieur desquels
aucune activité humaine dérangeant ” le sauvage ” ne
pourrait être tolérée.*
C’est conformément à ce concept que l’on somme les éleveurs,
de la vallée de Quint et d’ailleurs, de respecter le sanctuaire
des loups, et de ” s’adapter ” à leur présence, en
modifiant leur mode de travail, donc leur mode de vie. Et c’est
précisément ce qu’aucun d’entre nous ne doit accepter.
Au
printemps, lorsque l’herbe pousse, les éleveurs conduisent leurs
animaux au pâturage. Depuis toujours la mise à l’herbe est un
moment de soulagement pour les paysans – moins de travail -, et de
plaisir pour leurs bêtes – enfin de l’herbe fraîche ! –
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Certains sortent leur troupeau
avec la peur au ventre : à quand la première attaque ?
combien de bêtes égorgées ? tel
ou tel pâturage serait-il moins dangereux ? que
va-t-il advenir de mon cheptel en alpage sur Ambel ou Font d’Urle ?
Ces inquiétudes ne sont pas banales. Elles nous incitent à la
solidarité avec les éleveurs, pour le maintien et le développement
des activités agropastorales, facteur
de biodiversité dans la vallée
de Quint, et par conséquent – pourquoi craindre de le dire ? –
pour l’élimination des loups.
*Au
sujet de la protection de la nature, on peut lire ” Le jardin de
Babylone ” de Bernard Charbonneau, publié en 1969, dans lequel
l’auteur s’attachait (déjà) à démontrer comment, après avoir
ravagé la nature, la société industrielle finissait de l’anéantir
en ” la protégeant “, en ” l’organisant “.
Bernard
Moser