Recette – Tarte aux noix de Sylvie –

A la chorale de Quint, nous avons pour habitude de fêter les anniversaires. Grands moments conviviaux … Et c’est ainsi que nous avons eu l’occasion de goûter le gâteau aux noix de Sylvie. Un régal des papilles !

Pâte brisée toute prête ou à faire :

2/3 de farine

1/3 de beurre

1 pincée de sel

Un peu d’eau

Garniture :

2 œufs entiers

120 g de sucre semoule

1/2 sachet de sucre vanillé

3 dl de crème fraiche

100 g de noix mixées (grossièrement)

Verser le tout sur la pâte et faire cuire à four chaud (220°) 30 mn env.

Régalez-vous … que du bonheur !…

Recette proposée avec l’accord de Sylvie PONCET, Sainte-Croix

Édito

Voici le printemps et notre 23ème feuille de Quint qui fait la part belle à Ste-Croix, largement grâce à Danielle, notre nouvelle rédactrice.
Le mois de mai sera riche dans notre vallée. À la traditionnelle et sympathique brocante de St-Julien organisée dimanche 1er mai par le comité des fêtes du village, succédera à St-Etienne la troisième fête des enfants, le samedi 21 mai. Nous espérons que vous viendrez nombreux à ces deux événements.
Le prochain n° de la feuille paraîtra en tout début d’été. Si vous voulez communiquer une fête, un spectacle, une naissance, ou simplement conter une histoire, une anecdote, il vous suffit d’envoyer un mél à contact@valdecquint.fr. Nous nous ferons un plaisir de les publier. En attendant, vivement le retour du soleil et de la chaleur.
Jc Mengoni

Les tours de Quint

Les tours de Quint

L’histoire des tours de Quint

Combien d’entre-nous, venant de Die, inclinant le regard vers le sommet de l’éperon rocheux qui sépare Sûre et Drôme, pensent n’apercevoir qu’un gros rocher grisonnant, à mille lieues d’imaginer voir là une tour médiévale extirpant la tête hors de la végétation. Les plus attentifs, venant de Quint au soleil couchant, ont découvert les restes de la tour nord en élevant les yeux vers le haut de la butte qui surplombe la cave Achard-Vincent. Seuls quelques intrépides ont entrepris la montée raide et difficile qui mène aux 3 tours de Quint. Et pourtant, la majesté des ruines, la vue magnifique de là-haut, tant sur la vallée que sur le beau village de Ste-Croix, récompensent largement les 200 mètres de dénivelé parcourus parfois avec difficulté.

Les Tours de Quint sont situées au sommet d’un roc calcaire cerné par la Drôme et la Sure dont le point culminant atteint 610m. La tour sud surveille la vallée de la Drôme. Sa collègue située à l’est englobe la vallée de la Sure et la ville de Die. La tour Nord tourne le regard vers les vallées de Quint et de la Sure.

La position stratégique des tours a joué un rôle important durant le Moyen Age. Elles nous livrent aujourd’hui un bout d’histoire du lieu, des seigneurs de Quint et des comtes de Valentinois.

Lieu stratégique

Le nom de Quint désignait le 5ème milliaire sur la voie romaine, au départ de Die (« ad Quintum »). La borne devait vraisemblablement se dresser au pied du rocher sur lequel on a retrouvé des monnaies, des tombes et des tegulae datant de l’ère romaine. Il est probable qu’un castellum y ait été érigé.

Le premier texte connu (1166) fait état d’un droit de pâturage aux chartreux de Durbon (St-Julien-en -Beauchêne) dans le « mandement de Quint ». En 1178, l’empereur Frédéric 1er proclame la suzeraineté de l’évêque de Die sur tous les biens à l’exception des « châteaux de Quint ». Il est probable que la vallée de Quint, ainsi que les châteaux appartenaient aux Poitiers, comtes de Valentinois. Plus que de simples tours, il s’agissait en effet à l’époque de leur construction de véritables châteaux.

Le nom de famille « Quint »

C’est au même moment qu’apparaît dans les écrits une famille portant le nom de « Quint », vassale des Poitiers. Le musée de Die possède une pierre tombale mentionnant Odon de Quint et son fils Giraud. Jarenton de Quint est évêque de Die de 1191 à 1198. Les droits de bûcheronnage et de pâturage de la famille sur Ambel et Font-d’Urle provoquent des différents avec l’abbaye de Léoncel. En 1246, le chevalier Adhémar de Quint vend ses biens et ses terres, échange « sa forteresse et maison de Quint » contre le château de Félines. La famille s’éteint au début du 14ème siècle.

Du Valentinois au Dauphiné

La châtellenie de Quint et de Pontaix est citée en 1266. Le mandement regroupe les paroisses de la vallée de la Sûre, au nombre de 6 à l’époque : St Julien de Tués, St Andéol, St Étienne, Vachères et Ste Croix, mais aussi Barsac et Pontaix. Au lieux dit « Lusset » existait un péage sur le chemin qui suivait la vallée. De cet épisode date aussi la légende de Vachères comme «  pays de la précaution ».

Les Tours de Quint ont joué un rôle important pendant les premiers épisodes de la guerre entre évêques et comtes au 13ème siècle. Les évêques tiennent Aouste, Saillans et la moité de Crest. Les comtes, avec Pontaix et Quint, bloquent le chemin vers Die. Les prélats seront ainsi obligés d’utiliser le chemin du « col de Beaufey » (appelé aujourd’hui « col de Beaufayn »), à 1099 m d’altitude, sur les limites d’Aurel, pour atteindre Die.

En 1312, le comte de Valentinois exige de l’évêque de Die qu’il indemnise les habitants de Quint dont le bourg a été saccagé par ses gens. La suite de l’histoire de Quint est peu connue. Seuls ses seigneurs successifs sont décrits dans les textes arrivés jusqu’à nous. En 1329, les Poitiers donnent une charte de franchise aux habitants. Elle comporte 24 articles et accorde aux habitants de Quint le droit de chasse sur Ambel. De nombreuses familles nobles de la région, les Lantelme de Gigors et de Vassieux, les Guillaume d’Egluy ainsi que les familles locales des Bouillanne et des Richaud possèdent des biens et des droits dans le mandement.

Le pays de Quint entre dans le Dauphiné vers 1420 et devient dès lors terre royale. Les tours sont décrites comme intactes en 1579. Elles sont utilisées par les Protestants dans la guerre les opposant aux envoyés du roi. Elles deviennent dès lors «  une menace pour l’ordre public ». Le roi ordonne de les détruire. Mais une des mines s’étant éventée, l’entreprise ne fut que partiellement un succès. Le site a été ensuite définitivement abandonné. Les tours mériteraient un sérieux débroussaillage et pourquoi pas une nouvelle vie par une mise en valeur …

Un peu de vocabulaire

Le terme mandement ou châtellenie désigne dès le XIe siècle un territoire formé autour de châteaux élevés par l’aristocratie rurale. Le châtelain est un officier nommé et rémunéré par un comte ou un prince. Sa charge est révocable et déplaçable. À sa fonction première d’être le gardien du château, il tient la comptabilité, lève des impôts et doit présenter régulièrement ses comptes : les comptes de châtellenie. Il exerce également l’ensemble des droits par délégation, militaire et judiciaire.


Merci à la revue « Terres Voconces » et précisément le n° de juin 1999 dans lequel nous avons trouvé l’inspiration et l’histoire de nos tours.

Jean-Claude Mengoni et Liek Wartena.

Couverture Terres Voconces n°1 de 1999

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Sur ses deux rivières, telle une motte ancrée

Cette colline, entre deux cluses à pic,

D’un généreux élan, couverte de forêts,

Nous surplombe, effrayant point de vue stratégique.

Aussi par le passé, en des temps féodaux,

Un château fut construit pour fixer ses rivaux,

Il en reste aujourd’hui les trois tours altières,

Encore bien conservées, bientôt millénaires.

Les pierres en gros blocs rendent à ces murs anciens

l’aspect figé du roc, mais la nature vient

D’un élan généreux réinstaurer les liens.

Les mousses et les lichens sur les tours austères

S’étirent sans peine. Lors ils redonnent chair

Un souffle sirupeux à ces âges de pierre !

Cyril Achard (Sainte-Croix, 1975-1997), écrit au printemps 1995.

Merci à la famille Achard de nous avoir permis de diffuser ce beau texte.

Témoignage d’enfance : Paulette Monier

Témoignage d’enfance : Paulette Monier

Mon enfance à Lallet

Je suis née à Lallet le 11 juin 1931 vers 12h. Il faisait très chaud m’a-t-on dit. À cette époque, les femmes accouchaient chez elles. Il y avait toujours quelqu’un qui était un peu au courant pour aider à l’accouchement. Puis, cette personne lavait le bébé dans une bassine d’eau chaude et l’habillait.

Ma mère était de Beaumont-en-Diois et mon père de Lallet. Mes parents étaient agriculteurs et faisaient de la polyculture. Ils avaient trois ou quatre vaches, un cheval pour le travail, des chèvres, des lapins, des poules et des cochons. Ils cultivaient les céréales pour les bêtes et du blé qu’ils portaient au moulin. Avec la farine obtenue, mes parents faisaient notre pain.

On entrait dans la maison par un portail qui donnait sur un couloir dans lequel il y avait la chaudière pour le cochon, le four à pain et un poêle dont on se servait l’été pour ne pas faire de feu dans la cuisine afin d’avoir moins chaud. La cuisine se trouvait au bout de ce couloir. Au fond de ce cellier, un petit évier en pierre et une fenêtre.

On n’avait pas l’eau sur l’évier. On allait la chercher à la citerne. On utilisait l’eau en l’économisant : on lavait la salade d’abord, puis dans la même eau les pommes de terres, et après on arrosait le jardin potager. La fontaine était en haut du hameau, avec un lavoir couvert. Parfois, l’été, il n’y avait pas d’eau. Dans un de nos terrains où coulait une source, mes parents avaient fait un bassin pour laver le linge l’été et avaient transporté une vieille chaudière.

L’eau très fraîche de cette source servait pour durcir le beurre qu’ils obtenaient en battant la crème du lait de vache avec un fouet. Avec le lait de chèvre mes parents fabriquaient des tommes. Ils vendaient beurre et tommes à l’épicerie de Saint-Julien ou à Die à l’« Économique ». Ils vendaient aussi des lapins, des œufs, pour acheter d’autres produits aux épiciers ambulants. Mes parents faisaient aussi leur vin.

J’ai toujours connu l’électricité. Six familles s’étaient regroupées pour payer une installation privée. À Glovin, une turbine sur le canal d’arrosage nous fournissait le courant. Mon oncle avait eu l’idée de l’installation et l’entretenait. On pouvait donc s’éclairer. Nous écoutions la radio chez nos voisins Mr et Mme Vieux.

L’hiver, on ne chauffait que la cuisine avec une cuisinière qui avait un réservoir. Dans les chambres, on se gelait. Une année où il a fait très froid, l’eau a gelé la nuit dans nos bouillottes. On dormait sous des couvertures en laine et des édredons en plume. Le matin, je mettais mes vêtements sous l’édredon avant de les enfiler afin qu’ils soient moins froids.

Je portais des sabots à clous l’hiver et des chaussures en cuir l’été. Quand il y avait de la neige, on mettait des sortes de bandes molletières pour se protéger. J’étais en jupe et mon frère en pantalon court. Je craignais beaucoup les engelures.

J’allais à l’école à Saint-Étienne-en-Quint. Mon frère et moi parcourions deux bons kilomètres en prenant les raccourcis. Nous étions vêtus l’hiver d’une grande cape de drap de laine et portions bonnets, écharpes et gants. Nous étions chargés chacun de notre cartable et d’un sac qui contenait notre repas de midi. L’hiver, le poêle était éclairé et nous pouvions faire chauffer notre nourriture.

Les élèves éclairaient le poêle chacun leur tour. La commune fournissait le bois. On balayait aussi la classe et on essuyait les bureaux.

À la mauvaise saison, le maître nous laissait partir 1/2 heure avant les autres pour que nous puissions rentrer de jour. Les calculs, les dictées se faisaient le matin et donc l’après-midi c’était moins important.

Quand il faisait très mauvais, le soir, à partir du dernier virage, nous marchions à reculons pour ne pas recevoir les bourrasques de neige dans le visage.

Nous étions quinze à vingt élèves selon les années. Je suis allée à l’école de 6 ans à 14 ans. Certains, peu nombreux, partaient à 12 ans pour le collège.

Paulette Monier

Propos recueillis par Annie Grandchamp

Regard poétique

Les plateaux vus d’en haut !

Août. St-Julien-en-Quint. Un matin plein d’entrain. Sacs au dos, rêves hauts.

Quittons nos enfants au village. Entre de bonnes mains : la génération du dessus est venue veiller sur eux. Nous sommes à l’orée d’une petite expédition qui nous trotte dans la tête depuis notre arrivée dans la vallée : monter dans le cirque en partant à pied de chez nous, prendre un peu d’altitude et de recul pour voir la vie d’en haut et toucher les nuages.

Les pluies des jours passés donnent au paysage un goût et une odeur délicatement parfumée. La montagne se fait sous nos pieds. La montée s’affirme, de piste et de sentiers, de sous-bois et de forêts. Tout frissonne quand tout à coup le soleil vient caresser nos visages, révéler les feuillages et laisser derrière nous l’étrange mirage d’une nature ensommeillée. Grand bleu du ciel vibrant, intensément coloré. Sous nos pas, mousses, brindilles, écorces, cailloux. D’un peu plus près y gambadent une quantité incroyable d’insectes laborieux lisses ou duveteux. Les fleurs accueillent doucereusement les lumières des rayons scintillants. Sous nos yeux tout se transforme. À chaque pas, sons et points de vue nouveaux résonnent. Nos corps danseurs de marcheurs s’échauffent pour le clou du spectacle. Col de la Chaux. Col de Vassieux. But de l’aiglette. La lune est pleine, si proche. Nos yeux ébahis devant le silence profond des éclats vertigineux. L’à pic est tonitruant. Le sol semble se dérober sous nos talons. Un souffle immense s’installe en nous.

De l’autre côté, le But St-Genix se tient splendide, inébranlable. À nos côtés volent d’immenses rapaces, dont la trajectoire enlace celle des vents. Puis, quand on ne s’y attend plus, apparaissent une à une comme des étoiles, les maisons du village qui voit grandir nos enfants. Tout tourne dans ma tête. Nous voilà là-haut. C’est infiniment beau. Et en bas, c’est comme ça : tout petit, tout joli, tout bien calé dans le fin fond de la vallée.

Cécile