Un mois de décembre pas comme les autres

Un mois de décembre pas comme les autres

L’association Valdec’Quint organise cette année encore le Mois de Décembre pas Comme les Autres! Pendant tout le mois de décembre, des habitants de la Vallée ouvrent leur porte à la rencontre, aux échanges festifs et au partage. Le programme des événements sera affiché. Il est également en ligne sur le site www.valdecquint.fr. Les activités sont gratuites et ouvertes à tous !

En point d’orgue, une conférence-film par Nans et Mouts, les 2 stars de l’émission « Nus et culottés »,. Rendez-vous mardi 6 décembre dans la salle de la mairie de St Julien. Viendrez-vous habillés ?

Partir nus d’un lieu pour rejoindre une destination à plusieurs centaines de kilomètres, c’est le défi culotté que se sont lancé Nans et Mouts.
Ce qui s’est passé cet été dans la vallée

Ce qui s’est passé cet été dans la vallée

Repas de l’ACCA de Saint-Julien-en-Quint: Un franc succès, un soleil permanent et un repas excellent. Bref, un bon moment… sans photos malheureusement.

Concours de tartes à Sainte-Croix: Le 12 juin, le concours de tartes a réuni sur la place du village de Ste-Croix, de nombreux habitants, venus partager les confections salées et sucrées de 16 tartes, toutes aussi belles et bonnes les unes que les autres.

Spectacle des enfants à Ste-Croix: Le 29 juin, dans la cour de l’école de Sainte-Croix, les habitants se sont retrouvés pour assister au spectacle des enfants, suivi de celui …..des parents ! L’attention portée aux textes et chants superbement interprétés a laissé la place aux rires. Au cours du repas partagé, les parents ont chaleureusement remercié Aimée et Marine qui partent vers de nouvelles aventures…

Vide-greniers de Sainte-Croix, une 1ère expérience réussie pour la sauvegarde d’un patrimoine: Le 21 août dernier Sainte-Croix a accueilli son 1er vide-greniers depuis fort longtemps. Et ce fut un vrai succès ! Par un grand beau temps, les promeneurs, chineurs, vacanciers étaient au rendez-vous et ont découvert les 36 stands qui avaient pris place sur la grande et belle place du village bordée par le monastère et l’église-temple de Sainte-Croix. De quoi chiner à loisir et faire de bonnes affaires !…

Ils ont poursuivi leur visite du village par la découverte de l’espace Activités et savoir-faire de Sainte-Croix où ils ont pu admirer de magnifiques patchworks colorés, l’exposition de vieilles photos retraçant l’histoire du village et des villageois, de beaux sièges restaurés avec la participation des Ateliers d’Archiane. Ils ont pu découvrir les bienfaits de la réflexologie et entrer dans l’univers de l’aéromodélisme avec une belle exposition de maquettes d’avion et la mise à disposition de simulateurs de vol pour le plus grand plaisir des petits et des grands …

Les exposants comme les badauds ont dit avoir apprécié l’excellente organisation de ce vide-greniers. Ce fut a priori un sans faute grâce aux équipes d’habitants motivés qui ont su gérer les parkings, les balisages, l’accueil des exposants et la buvette très appréciée et proposant des produits de qualité …

Une expérience à recommencer l’an prochain ! D’autant que le bilan effectué par l’association organisatrice, les « Amis de l’Eglise-temple de Sainte-Croix » est aussi financièrement très positif grâce aux emplacements, buvettes, adhésions et dons qui vont permettre d’apporter une petite contribution au grand chantier de restauration de l’église-temple …

Les idées ne manquent pas pour proposer de nouvelles animations dans le village et nous aurons très certainement l’occasion de reparler de Sainte-Croix dans les prochains mois !

Rencontre festive à St-Andéol ce 17 juillet: L’association Farandéol avait convié les habitants de St Andéol à une rencontre festive d’été, marquée sous les signes du jeu et du partage. Concours de boules, de molkÿ et autres jeux de lancer ont réuni les joueurs et joueuses l’après-midi. Plusieurs se sont même essayés à un match de foot endiablé et nocturne ! L’association offrait des abricots à qui voulait s’essayer à en cracher les noyaux le plus loin possible. Impossible de battre Johnny qui a fait preuve d’un souffle incroyable !

Près de 70 personnes ont partagé apéritif et repas sur les longues tables dressées près de la fontaine. Chacun avait apporté une boisson, un ou plusieurs plats à partager. Pour les distraits – et les assoiffés – un bar à prix libre était à disposition. Chacun se servait à volonté et avait la possibilité de mettre quelques sous dans la tire-lire associative. Et merveilleux retour de confiance, l’association a couvert ses dépenses. Comme quoi, la réalité enlace parfois l’utopie.

Merci à Lionel Bailly qui nous a offert un tonneau de bière, à son frère Joël qui en a assuré l’installation, à Jean-Claude, Michel, Yves qui ont aidé à la remise en place, aux sourires de tou(te)s les participant(e)s. Merci également aux musicien(ne)s qui ont permis quelques pas de danse, à la mairie qui nous a ouvert ses locaux.

Sans oublier Marie-Hélène, Véronique, Céline, Roland, Jurg, Bruno, Frédéric – et ses animaux imaginaires – qui ont répondu à notre proposition d’exposition de leurs œuvres. Nul doute que nous renouvellerons l’initiative appréciée de tous les visiteurs. Un bon moyen de mieux connaître ceux et celles qui sont nos voisins et dont nous ignorons parfois les passions.

Inauguration de la mairie à Sainte-Croix: Début septembre, l’inauguration de la nouvelle mairie de Ste Croix a eu lieu en présence de nombreux élus : Patick Labaune, Président du Conseil Départemental, Marie Pierre Mouton, la vice présidente, Martine Charmet et Bernard Buis, nos Conseillers Départementaux, Clara Thomas, sous-préfet, Didier Guillaume, Sénateur, la Perceptrice,  Alain Matheron, Président de la CCD, de nombreux maires du canton, les habitants du village et les enfants de l’école.

Après bien des difficultés liées à la coordination sur le terrain de tous les entrepreneurs et de leurs ouvriers ainsi qu’aux intempéries et nombreuses surprises dans une telle aventure, la mairie, la salle de réunion et le coin repas des enfants de l’école ont enfin pu être ouverts officiellement aux regards admiratifs de tous.

Des panneaux “Attention enfants!” à St-Andéol: De plus en plus d’enfants habitent nos hameaux et y jouent en toute insouciance. Pouvoir faire du vélo, pouvoir courir sans crainte excessive ou jouer au foot sur la voie publique est bien un des plaisirs quand on a la chance de naître et de grandir en zone rurale. Cependant, pour ces petites têtes souriantes, un automobiliste qui débouche sans visibilité lointaine à 70km/h est synonyme de danger mortel. Constat est que quelques conducteurs, pour qui rouler vite est peut-être emblème de plaisir, de puissance ou de liberté, n’ont pas conscience du risque potentiel qu’ils font courir à des enfants pour qui le danger n’est pas encore une évidence.

Plusieurs parents ont alerté le conseil municipal de St Andéol. L’association Farandéol s’est chargée de fabriquer des panneaux « attention enfants » à partir de palettes usagées. Une dizaine d’adultes se sont mis au travail. En espérant que ces panneaux éveilleront les consciences des automobilistes les plus fougueux.


Édito

Après des déluges d’eau ce printemps, la pluie nous boude depuis bien longtemps. Peut-être aura-t-elle fini de faire la moue quand vous lirez notre journal. Aujourd’hui en cette dernière semaine de septembre, la Sûre se dandine péniblement. Les truites et autres poissons ont bien du mal à survivre et appellent à leur sauvegarde. Les champignons seront-ils nombreux? Nous l’espérons.

Voilà donc le n°25. Nous célébrons les noces d’argent du journal des 4 villages baignés par la Sûre. Il faudra encore peut-être 25 numéros pour que tous et toutes s’en emparent au-delà des origines, au-delà des clans et fassent de ces quelques feuilles leur histoire. C’est tout le bien qu’on peut souhaiter à notre journal jubilaire.

JC Mengoni

Histoire de “l’ancienne épicerie de Sainte-Croix”

Histoire de “l’ancienne épicerie de Sainte-Croix”

Cela fera bientôt 10 ans que j’ai choisi d’habiter Ste-Croix, le village de mes grands-parents paternels, où j’y ai fait restaurer une habitation dans une des parties qu’occupaient mes ancêtres.

Hors, il se trouve que la chambre qui donne sur la terrasse avec les 3 marches était « L’Épicerie » que tenait la grand-mère maternelle de mon papa (photo n°1). Quelques rares habitants s’en souviennent encore ! Je vais vous raconter…..

Un peu avant 1912, Marie-Madeleine (née Aubert en 1868 ) originaire de Monclar-sur-Gervane, et Jean-Baptiste Thomé son époux (né en 1864), originaire d’Aurel, habitaient Tourette sur la route de Vachères en Quint (ou résident actuellement Mr et Mme Wartena).

C’était une petite propriété. Mon aïeul allait travailler tous les hivers à l’usine de soie à Sainte Croix que l’on appelait « La Fabrique». Il fallait désabler «  la roue à pêche » ( ou ‘roue de pêche’ , ‘roue à augets’ ) alimentée par un canal qui venait de La Sûre. Mais comme il devait travailler dans l’eau très froide…. Il est alors tombé malade… Ne pouvant subvenir à sa famille, c’est là que Mme Thomé (maîtresse femme parait-il) eut l’idée d’acheter un gros morceau de gruyère qu’elle détaillait ensuite aux gens du village. A cette époque il était courant qu’une personne fasse venir un produit qu’ensuite elle détaillait aux voisins. Madame Lagier habitant en haut du village vendait du vinaigre (souvenir de mon père Robert Bellier) et, de la « Toile Souveraine » par morceaux ! (souvenir de mon oncle Michel). On l’utilisait pour mettre sur les plaies qui ne guérissaient pas.1

C’est ainsi que peu à peu, elle a « monté » son épicerie. Car après le morceau de gruyère, c’est la roue entière !! ….. Et, tout a suivi …..

Un courrier de Juin 1912 d’un Établissements Alimentaires RUIZAND frères et René SALLES de Crest annonce l’avis de passage par le train, de leur Voyageur Mr. Noel Boisset pour venir « INSTALLER LE MAGASIN. Nous pouvons donc dater « le début » de ce commerce à Ste croix avec précision. 

Dans l’épicerie, la porte (d’origine) sur la droite permettait d’accéder à la pièce de vie par des escaliers. Mais comment être averti quand le client rentrait ?… Heureusement, Georges Leclanché avait breveté « la Pile Leclanché » en 1866 et mis au point en 1867 la première pile au dioxyde de manganèse (voir photo).

Ainsi mes astucieux ancêtres se sont servis de cette découverte pour fabriquer « leur propre pile » système D… Quand un client ouvrait la porte de l’épicerie, il mettait en contact deux lames en cuivre qui actionnaient la sonnette. Mon père et mon oncle se rappellent avoir entendu parler de 3 ou 4 bocaux de sulfate d’ammoniaque placés sur une étagère à droite de l’entrée, dans lesquels se trouvait une bougie en céramique poreuse et du charbon. 2 fils reliés l’un à la porte et l’autre à la sonnette avec suffisamment de voltage faisaient retentir la sonnette !

Son mari Jean-Baptiste continuait à s’occuper de la petite propriété à Tourette, et entre autres d’une vache. Ils ne buvaient que le petit lait car le beurre…… c’était pour vendre ! …

Quand il rentrait retrouver sa femme, de temps en temps (je suppose !), de Tourette à Sainte-Croix, «on l’entendait arriver de loin !»…d’après Amédé Grangeron … car il se déplaçait en Vélocipède (très grande roue devant avec pédales et petite roue derrière). Cet engin ne passait pas inaperçu, cerclé de fer… sur les chemins de l’époque … !!! Ce vélocipède, c’est Ludovic Aubert, très

bon forgeron reconnu comme artiste dans son travail, qui l’avait fabriqué.

Au fur et à mesure, l’épicerie prenait de l’ampleur. Elle desservait les environ, la vallée de Quint jusqu’à Pontaix. Quelques fois des clientes s’arrêtaient, empruntaient le chemin de la famille Monier (non clôturé à l’époque, permettant l’accès à la fontaine de « Fon rosa »), pour dire bonjour en laissant leur vélo sur le bas- côté de la route de Saint- Julien. Elles buvaient du café ou, mangeaient parfois un morceau…

Même après la fermeture de l’épicerie, cela a continué … Mme Raillon de Vachères-en-Quint venait souvent dire bonjour à ma grand-mère Ida Bellier qui continuait à aider son papa à tenir l’épicerie, suite à la disparition de sa maman âgée de 61 ans ! Et, même après…

Jean-Baptiste Thomé a vendu le stock de l’épicerie dans l’année 1933 à son neveu Aubert en bas, (ou habitait Irène Laudet) au carrefour de la route de St Julien et de la route qui traverse le village, pour une somme dérisoire… Année de la fin de l’histoire car il n’y a plus rien d’écrit dans les cahiers !

C’est en 1935, qu’Il est parti rejoindre sa femme dix ans après…

Étant petite, je venais dans cette épicerie Aubert avec ma sœur, acheter des bonbons à 1 centime (des anciens francs). Je me rappelle du tintement de la sonnette de la porte d’entrée!…

C’est seulement en décidant d’écrire cet article que j’ai « plongé » dans cette caisse poussiéreuse chargée d’histoire ! J’y ai retrouvé des documents inattendus, et, entre autre des cahiers de ventes journalières, de caisses et une petite partie des comptes clients.

Curieuse et amusée, c’est ainsi que j’ai pris connaissance de ce patrimoine familial ! Merci à mon père 88 ans et mon oncle Michel – bientôt 85 ans-, pour leurs précieux renseignements.

J’ai découvert page après page les marchandises que notre aïeule vendait aux familles, qui, a cette époque, faisaient souvent marquer et payaient … « quand l’argent rentrait » !

Je dois vous avouer qu’à mon grand étonnement, en ouvrant les livres de comptes ….. « il y a encore vos ancêtres qui ont une ardoise ! »……. Mais rassurez-vous, dormez en paix !… Il y a  « prescription » ! ….

Marie-Madeleine achetait des bonbons « la pie qui chante » (encore d’actualité !) à un représentant de commerce. Elle vendait même de « la Piquette ». Ce breuvage se faisait avec du sucre et de l’eau que l’on rajoutait dans la cuve d’où l’on venait de tirer le vin (rapporté par mon oncle). On pouvait acheter des «surprises »… de la viande de chèvre,(qui n’avait pas eu de chevreaux !)…

Et, en parcourant les quelques factures, quelle ne fut pas ma surprise de constater le nombre de fournisseurs !! Mais comment s’y prenait-elle pour tout « caser »  dans une pièce d’environ 23 m² ?

J’ai pu comptabiliser 15 fournisseurs avec les seules enveloppes de la caisse. Mais je n’ai pas feuilleté toutes les factures reliées (avec de la bonne ficelle). Voici donc quelques exemples de fournisseurs : Fromages Farges de Thiezac , Denrées Coloniales Louis Combe (Morue, eau de fleur d’oranger), Mercerie Bonneterie R. Ditisheim (bas, fil chinois..), Giliberts Tezier (pâtes alimentaires..), Henri Martel (salaisons conserves), Magasin de la Tour Crest (Malt, vermicelles, coquillettes..), Comptoir Général de l’espadrille (Sandale Regun), Chocolat Castan, Biscuiterie confiserie Usclat et Romieu, Ste Géo (saucissons), Ste Le Gourmet (jambon), Entrepôts Généraux du sud Est (café, végétaline, sucre, petits beurre, pieds paquets, lessive Chaix, gruyère trèfle), Confiserie des Alpes (bte petits caramels, lait poudrés, Montplaisir, dragées blanches, bte grosses bombes espagnoles, bte bois réglisse ankara), Chocolat Pupier ( pupier bleu, paquets brabant au lait, bâtons Le Provençal), Lantheaume –Blain (faïence populaire cristaux, casseroles, terrines, vases de nuit, verres de lampes … Ceci n’est pas une liste exhaustive …

La caisse est refermée … avec tous les souvenirs qu’elle a fait revivre et découvrir pour les générations qui suivent.

Qu’est devenue cette pièce ? …

Elle a servi un temps pour l’élevage de vers à soie ce qui se pratiquait bien à l’époque… Il y avait également un extracteur à miel pour les besoins de la famille.

C’est aussi la pièce que mes parents jeunes mariés (mai 1952), ont habitée, en transformant l’accès à l’autre pièce, en placard… Quelques mois après je montrais mon bout de nez à Die à l’hôpital.

J’y ai dormi plus tard…. l’année des premiers pas sur la lune 1969 ! Quel contraste ! L’un sur la lune, et moi qui découvrait un matelas’ bruyant’ en feuilles de maïs ! Et oui : bientôt 10 ans que l’Ancienne Epicerie est devenue ma 2eme chambre, chargée d’histoires, et d’anecdotes !

Profitons de nos Anciens pour « Récolter » pendant qu’il en est encore temps !

A bientôt peut être…. dans » la Feuille de Quint ».

Francine Bellier

Sainte-Croix – juin 2016

1 – Toile souveraine », « Toile Miraculeuse », où  Toile de l’Abbé Eugène Bertrand : Curé de Certilleux (Vosges) qui durant 53 ans a guéri et soulagé de nombreux malades de 1893 à 1946. (source : article de Jean Palaiseul sur internet : latoilemiraculeue.free.fr/votresante.pdf)

Histoire de maison : Aujourd’hui Les Moutiers

Histoire de maison : Aujourd’hui Les Moutiers

Installés depuis plus de 30 ans en Alsace, nous avions l’intention de retrouver des contrées plus clémentes dès que la retraite nous le permettrait. Nous avons cherché pendant 2 ans un site accueillant qui nous permettrait de donner jour à nos projets, visitant ainsi le Vaucluse, puis la Drôme provençale. Mais la déception était rude, que de vent, que de bruit, que de nuisances, que de monde …

Et un jour nous avons découvert Les Moutiers.

Ce fut comme un aboutissement … La maison collait à nos projets, par son esthétique, sa grandeur, sa position à flanc de coteaux, ses différentes terrasses, sa vue magnifique sur le village de Ste-Croix et en arrière plan sur les 3 Becs. Le coup de foudre !

Et l’enthousiasme est toujours là. Après avoir investi et créé nos deux gîtes ruraux, nous prenons plaisir à accueillir nos vacanciers dans ce petit havre de paix et à essayer de répondre à leurs nombreuses questions sur notre maison qui ne les laisse pas indifférents.

Nous avons donc écouté les anciens du village et fait des recherches dans l’état civil et le cadastre … Nous avons ainsi découvert qu’au fil des années le nom du domaine est passé de Mottier (1809) à Motier(1827), puis à Moutier (1878) et enfin à Moutiers (1888). Ce nom vient du vieux français môti, môttier, moutier, moustier qui est synonyme de « monastère ».

Et en effet, il nous a été raconté par les anciens que le nom Moutiers viendrait du fait que la maison aurait été construite sur les ruines d’un petit monastère qui, dans des temps fort lointains, aurait accueilli des lépreux.

C’est possible … car le monastère de Sainte-Croix est tenu par les Antonins du XIIIème au XVème siècle. Cet ordre s’est spécialisé dans les soins apportés aux malades atteints du « mal des ardents ». Cette maladie est due à l’ingestion de pain de seigle contaminé par un parasite, l’ergot du seigle. Ses symptômes sont très proches de ceux de la lèpre et il est probable qu’à cette époque les malades affluaient au monastère pour bénéficier de la clémence de Saint Antoine et des bons soins des moines …

Ceux-ci ont su très tôt faire la différence entre le « mal des ardents » non contagieux et la lèpre très contagieuse et il est probable que les malades atteints du mal des ardents étaient soignés près du monastère et que ceux atteints de la lèpre étaient orientés vers un endroit plus éloigné afin d’éviter tout contact. Mottier, à 800m du village et du monastère, isolé par la Sûre, pouvait fort bien être un petit moutier annexe au grand monastère de Ste-Croix et destiné à recevoir les incurables contagieux …

Mais à ce jour nous n’avons trouvé aucunes traces écrites de ces affirmations et suppositions …

Nous ne savons pas de quand date la maison. On a retrouvé la date de 1742 gravée dans la pierre, mais une chose est sure, la maison est déjà présente au cadastre de Napoléon de 1824 et dans les plans au sol toujours actuels. Elle appartient alors à la famille SIBOURD (Sibourg, Sibourd ou Sibour, selon les actes d’état civil de l’époque) et a pour nom Mottier. Les Sibourd, Augustin et Elizabeth, née Borel, étaient de Saint-Sauveur en Diois et sont arrivés à Sainte-Croix vers 1768 car cette année là nous trouvons la naissance de leur fils Augustin dans les registres de Sainte-Croix alors qu’il n’y a pas trace dans ces mêmes registres de la naissance des 2 frères aînés en 1765 et 1766. Cinq fils et une fille naîtront encore dans cette famille de 9 enfants.

La famille vit à Mottier trois générations avec Augustin et Elizabeth (Borel) et leurs 9 enfants, puis Pierre et Dimanche (Aurand) et leurs 7 enfants qui vendront la maison en 1853 à Jean Daniel LOMBARD.

Se succèdent alors aux rênes de l’exploitation Jean Daniel, puis Louis Aristide et enfin Daniel LOMBARD. Famille protestante, ils sont inhumés « dans les champs », dans le cimetière qui se trouve encore sur la propriété comme dans beaucoup de domaines du Diois.

En 1910 les Moutiers sont cédés à Honoré de RICHAUD, issu d’une famille de vieille noblesse du Dauphiné. La famille avait perdu sa particule à la révolution, mais deux cousins, dont le père d’Honoré, se présentent devant le tribunal d’instance de Die et obtiennent la restitution de leur particule le 26 août 1863 pour eux et leurs descendants. Honoré, né en 1853, récupère donc cette particule et la transmet à son fils.

Édouard, fils d’Honoré, sa femme Hermine et son fils Georges disparu précocement à 17 ans sont inhumés dans le cimetière des Moutiers.

En 1969 Maurice POULET devint propriétaire des Moutiers de par sa femme Berthe de RICHAUD, dernière descendante de cette branche de la famille. Puis par héritage, elle arrive aux mains de Jean DECORSE, l’un des fondateurs de la cave Jaillance. Il restaure la maison en 1985/1990 pour lui donner son apparence actuelle et s’y installe pour quelques années.

On ne peut que remercier ces grandes familles d’avoir su bâtir, sauver, préserver et embellir cette belle bâtisse des Moutiers … en lui donnant de plus une âme et en lui forgeant une histoire que l’on prend plaisir à partager !

Danièle et Jacques LEBAILLIF