Sainte-Croix, une rando pour le patrimoine

Sainte-Croix, une rando pour le patrimoine

Le 8 mai dernier, le petit village de Sainte-Croix a accueilli les participants à la Rando—Repas organisée par les villageois sur l’initiative de l’association Les Amis de l’Eglise-Temple de Sainte-Croix. Après un accueil chaleureux, les randonneurs sont partis sur les chemins balisés direction Le Serre ou le Champ du Seigneur et le col de Vachères en fonction des itinéraires choisis par chacun (4 ou 9 km).

Le temps fut heureusement clément et chaque équipe a pu randonner sans souci et apporter les réponses aux questions proposées sur les bornes placées au fil du chemin. Au retour un repas convivial préparé par une sympathique équipe de bénévoles attendait les 84 participants. Au menu, gratin de saucisses à la dauphinoise et tiramisu, le tout très apprécié des convives.

En fin de repas les amoureux du patrimoine ont pu visiter l’église-temple sous la houlette de Charline, notre guide local. Ils ont découvert les décors peints de la fin XVIIème qui ont déclenché la restauration de l’édifice dont le toit a récemment été jugé en péril. Un budget colossal de 206000 € s’avère en effet nécessaire pour cette sauvegarde.

La Rando-Repas du 8 mai fait partie des 4 rendez-vous 2017 que Sainte-Croix propose pour contribuer financièrement à ce grand chantier de restauration.

Alors, au 16 juillet, le village et son église-temple vous attendent !…

Danièle Lebaillif

Édito

Un vent de force 3 souffle sur l’association et la feuille de Quint. Le nouveau CA a été largement renouvelé, des projets nouveaux vont naître dès les semaines prochaines. Un exemple ? un appel à création d’un four à pains citoyen est lancé aux habitants des 4 villages inondés par la Sûre et notre feuille.

Nous entamons une nouvelle rubrique. Le temps était venu de quitter la seule information pour susciter des échanges d’idées, avec en clé de voûte le respect de la pensée de l’autre, aussi différente soit-elle. J’espère que vous trouverez du plaisir à lire ce 27eme numéro de la feuille, un soir de pleine lune, installés dans votre hamac, bercé par le chant du rossignol.

Jean-Claude Mengoni

Interview : Jürg Etter, du professionnalisme à une apiculture de bien-être

J’ai eu jusqu’à 100 ruches dans la vallée du Tessin, en Suisse. J’avais beaucoup écouté les anciens, qui m’avaient transmis leur expérience et leur bon sens. Je produisais à l’époque 2000 à 2500 kg de miel tous les ans que je vendais dans les magasins bio. Une passion que je cumulais – à l’époque, j’étais jeune (sourire) – avec ma fonction d’enseignant et de salarié du WWF. Mon rucher a été pratiquement totalement détruit par la « maladresse » d’un voisin qui jetait ses cendres en lisière de forêt. Je n’ai pas eu l’envie de redémarrer. J’ai donné les quelques ruches qui avaient survécu au feu. « L’appel de l’abeille » a repris suite à mon déménagement à St Andéol. Logique quand dans la vallée de Quint, on est en contact fort avec la nature. Par contre, j’ai changé mon regard par rapport à l’abeille. Je suis passé de « combien ma ruche peut-elle produire » à « mes ruches, mes abeilles sont-elles bien ? ». Attention, il n’y a pas de jugement dans ces mots. Il y a heureusement des apiculteurs professionnels qui produisent du bon miel dont nous nous régalons. Je parle seulement de moi, de ce qui me guide aujourd’hui. Je suis d’abord passé à la ruche Warré. Elle n’est pas conçue principalement pour faciliter l’intervention de l’homme comme les ruches à cadres, mais pour apporter plus de confort aux abeilles. Je pense que demain, je vais plus aller vers un habitat naturel, des ruches-tronc, ou en tout cas rondes, sans angles, en recherchant les lieux les meilleurs grâce à la géobiologie. Et limiter mes interventions au strict minimum. Suis-je dans la vérité ? Je n’en sais rien. C’est en tout cas mon ressenti actuel.

Ruches et abeilles le long de la Sûre (suite du n°25)

Ruches et abeilles le long de la Sûre (suite du n°25)

Les plantes utiles

Toutes les plantes produisent du pollen. Seules les plantes appelées « mellifères » produisent du nectar ou du miellat, substances à partir desquelles les abeilles fabriquent le miel. Si vous possédez un jardin, ou même simplement quelques jardinières sur un balcon ou un rebord de fenêtre, plantez et cultivez des espèces mellifères. Vous participerez ainsi à la vie des colonies. La présence des abeilles favorisera la pollinisation des arbres fruitiers et plantes potagères. Les espèces rustiques et les fleurs sauvages sont souvent plus riches en pollen et nectar que les fleurs sophistiquées. N’hésitez pas à laisser croître dans une portion de votre jardin les « mauvaises herbes » : pissenlit, ortie, achillée, serpolet, pâquerettes, sainfoin… Vous pouvez aussi semer des mélanges de fleurs des prés, trèfle, bleuet, coquelicot, luzerne, soucis, qui composent de très jolis tapis colorés. Ne coupez pas vos lierres grimpants, source de nourriture en automne.

Les abeilles aiment, comme nous, le verger et le potager ! Elles se régalent entre autres des fleurs de légumes comme les courges et les tomates ainsi que de toutes les aromatiques : thym, romarin, menthe, sauge, mauve, verveine, bourrache, marjolaine (ou origan), camomille, … En n’oubliant pas la lavande qui fleurit en été. Les fruitiers leur apportent de la nourriture. Certains en hiver comme le noisetier. Ou en début de printemps comme les cerisiers ; mais souvent bien avant que les fleurs de nos montagnes n’apparaissent en masse. Alors … ce printemps et cet automne, plantons des fruitiers !

Devenir apiculteur (amateur) ?

Les abeilles n’ont jamais eu besoin que l’homme s’occupe de les élever. Les premières abeilles dont on retrouve les traces fossiles auraient vécu il y a 30 ou 40 millions d’années ! Mais depuis quelques décennies, elles ont bien du mal à survivre et ont peut-être besoin de nous pour faire face aux ondes, aux insecticides neuro-toxiques, aux infections parasitaires comme le varroa, au frelon asiatique et autres dangers qui les déciment. Envie de vous y mettre ? L’abeille demande un peu de temps, beaucoup d’observation, un peu de réflexion, et un minimum de connaissances. Elle est fascinante, enrichissante pour toute personne qui s’y adonne. En outre, elle apporte du plaisir, même si parfois, comme cette année, on déplore de la casse*. Certains suivent la formation du CFPPA de Die de mars à octobre sous la forme de 14 après-midis. D’autres lisent, achètent leur première ruche et leur premier essaim, discutent avec d’autres, tâtonnent, apprennent. Que ce soit pour meubler vos loisirs ou occuper votre retraite, pour découvrir une forme de vie et d’organisation sociale incroyable ou aider la nature, ou encore pour obtenir un peu de miel, peu importe. Et pourquoi pas, un jour, une miellerie (matériel pour extraire et transformer le miel) citoyenne, ouverte à tou(te)s, dans la vallée ?

JC Mengoni

* pas mal de ruches sont mortes cet hiver. Certains évoquent la douceur de l’automne qui a engagé beaucoup d’apiculteurs amateurs à différer le nourrissage, d’autres parlent de la « nosémose », nom de la maladie parasitaire provoquée par un champignon.

Vallée de Quint, histoire de maisons, aujourd’hui: Le Colombier

Vallée de Quint, histoire de maisons, aujourd’hui: Le Colombier

Pour le 2nd épisode d’Histoire de maison, Le Colombier m’a immédiatement été proposé. Ne connaissant pas du tout cette maison, j’ai procédé par étapes …

Définition du dictionnaire : Colombier, ſ. m. [Columbarium.] Bâtiment en forme de tour, où l’on nourrit des pigeons. Il y en a effectivement un au Colombier …

Puis petit après-midi aux Archives Départementales de la Drôme où j’ai fort heureusement bénéficié de l’aide professionnelle d’une archiviste qui m’a trouvé en peu de temps les éléments du cadastre se rapportant au Colombier. Sa conclusion : la maison se trouve sur le cadastre de Napoléon avec ses deux tours et est nommée « Maison Josseaud ». C’est alors une énorme propriété car le nombre de parcelles citées au 1er cadastre est très important (très nombreuses pages de registre).

Depuis 1825, elle a toujours appartenu à une même famille, les Josseaud ou Jossaud. Elle était le propriété de Jean-Marie lors de l’élaboration du 1er cadastre, qui l’a transmise à Jean en 1838, puis elle est devenue propriété de Gustave, receveur des finances alors en retraite, elle a été incendiée en 1899, a été remise en état en 1902 puis a été transmise en 1913 à Emile Auguste, percepteur des impôts à Loriol puis Salon de Provence avant de se retirer sur Valence, puis à son décès à sa veuve et enfin à sa fille Jeanne en 1944. En 1969 elle devient la propriété d’Alain Planel, mari de Mireille Jossaud, fille de Jeanne.

Conclusion riche d’informations, mais un peu décevante pour la chercheuse que je suis car l’appartenance à une même famille depuis aussi longtemps suppose peu d’histoires à raconter …

Alors visite chez Mimi, Mireille Jossaud, veuve d’Alain Planel, qui m’a gentiment accueillie en précisant de suite qu’elle ne connaissait rien à l’histoire de sa famille adoptive et pas grand-chose non plus sur la maison. Nouvelle déception !…

Mais au cours de notre conversation, Mireille a sorti un vieil album de photos relié cuir avec fermeture de métal à l’ancienne. A l’intérieur de nombreuses photos-portraits ou en pied de personnages pleins de prestance, élégamment vêtus …

Elle m’a aussi indiqué qu’une date 1819 était gravée sur la petite tour et son fils Philippe, de passage pour prendre son café, m’a informé d’une autre date, inscrite dans le colombier, 1580 !…

Mireille m’a expliqué être arrivée à Saint-Julien à l’âge de 4 ans. Elle vivait au Colombier avec sa mère Jeanne et sa grand-mère Marie Delioux, épouse d’Emile Jossaud.

Jeanne devient maire durant la guerre et fera plusieurs mandats, c’était « Mademoiselle Jossaud ». Elle était aussi très impliquée au sein de la paroisse protestante, religion de la famille qui possède un cimetière-caveau sur ses terres, non loin de la maison.

Y sont enterrés les derniers propriétaires

Jean 24/06/1806 -> 04/03/1879 qui nous l’apprenons était lui aussi percepteur

Gustave 1839 -> 1922 et sa femme Irma, née Reynier 1843 -> 1916

Emile 1865 -> 1932 et sa femme Marie Delioux décédée en 1965

Jeanne 1904 -> 1972

Alain Planel 1944 -> 1991

Tous ces membres de la famille Jossaud ont peu vécu au Colombier en raison de leur profession. Ils avaient des fermiers qui cultivaient les terres et vivaient dans une partie de la maison. Mireille se souvient de quelques noms Aynard, Chanal, Bouillane …

Le grand-père de Mireille, Emile adorant la pêche avait fait construire des viviers près de la Sûre où il prenait plaisir à pêcher truites et écrevisses à l’ombre des nombreux fruitiers qu’il avait fait planter dans le grand champ en-dessous de la maison et qui descend en pente douce jusqu’à la rivière. Aujourd’hui tout a disparu pour rouvrir le champ à l’exploitation.

Les Planel, devenus propriétaires vont transformer la maison pour la rendre plus confortable et les granges et écuries accolées à la maison sont aménagées et deviennent une auberge, l’auberge du Colombier. Ils sont « Accueil à la ferme » avec une licence IV. Ils ouvrent un bar, une table d’hôtes et cinq chambres. Des soirées sont organisées à l’auberge, il y règne une belle animation et les affaires marchent pas mal.

Mais en 1991, Mireille perd son mari. Le fils Philippe va reprendre l’exploitation. Mais pour Mireille seule, la gestion de l’auberge est trop lourde et il devient évident qu’il va falloir se séparer de la partie auberge qui sera donc vendue et deviendra « gîte d’étape et de séjour ».

Je prends congé de Mireille riche de toutes ces informations, mais insatisfaite. Cette maison est très ancienne, la date de 1580 m’a alertée. L’importance de la propriété début XIXème m’a étonnée, la prestance de ces hommes et femmes photographiés dans cet album conforte ce sentiment de non aboutissement … J’ai raté quelque chose.

Alors je reprends mes recherches et (…) suite au prochain numéro.

Danièle Lebaillif, Sainte-Croix