Pour le 2nd épisode d’Histoire de maison, Le Colombier m’a immédiatement été proposé. Ne connaissant pas du tout cette maison, j’ai procédé par étapes …

Définition du dictionnaire : Colombier, ſ. m. [Columbarium.] Bâtiment en forme de tour, où l’on nourrit des pigeons. Il y en a effectivement un au Colombier …

Puis petit après-midi aux Archives Départementales de la Drôme où j’ai fort heureusement bénéficié de l’aide professionnelle d’une archiviste qui m’a trouvé en peu de temps les éléments du cadastre se rapportant au Colombier. Sa conclusion : la maison se trouve sur le cadastre de Napoléon avec ses deux tours et est nommée « Maison Josseaud ». C’est alors une énorme propriété car le nombre de parcelles citées au 1er cadastre est très important (très nombreuses pages de registre).

Depuis 1825, elle a toujours appartenu à une même famille, les Josseaud ou Jossaud. Elle était le propriété de Jean-Marie lors de l’élaboration du 1er cadastre, qui l’a transmise à Jean en 1838, puis elle est devenue propriété de Gustave, receveur des finances alors en retraite, elle a été incendiée en 1899, a été remise en état en 1902 puis a été transmise en 1913 à Emile Auguste, percepteur des impôts à Loriol puis Salon de Provence avant de se retirer sur Valence, puis à son décès à sa veuve et enfin à sa fille Jeanne en 1944. En 1969 elle devient la propriété d’Alain Planel, mari de Mireille Jossaud, fille de Jeanne.

Conclusion riche d’informations, mais un peu décevante pour la chercheuse que je suis car l’appartenance à une même famille depuis aussi longtemps suppose peu d’histoires à raconter …

Alors visite chez Mimi, Mireille Jossaud, veuve d’Alain Planel, qui m’a gentiment accueillie en précisant de suite qu’elle ne connaissait rien à l’histoire de sa famille adoptive et pas grand-chose non plus sur la maison. Nouvelle déception !…

Mais au cours de notre conversation, Mireille a sorti un vieil album de photos relié cuir avec fermeture de métal à l’ancienne. A l’intérieur de nombreuses photos-portraits ou en pied de personnages pleins de prestance, élégamment vêtus …

Elle m’a aussi indiqué qu’une date 1819 était gravée sur la petite tour et son fils Philippe, de passage pour prendre son café, m’a informé d’une autre date, inscrite dans le colombier, 1580 !…

Mireille m’a expliqué être arrivée à Saint-Julien à l’âge de 4 ans. Elle vivait au Colombier avec sa mère Jeanne et sa grand-mère Marie Delioux, épouse d’Emile Jossaud.

Jeanne devient maire durant la guerre et fera plusieurs mandats, c’était « Mademoiselle Jossaud ». Elle était aussi très impliquée au sein de la paroisse protestante, religion de la famille qui possède un cimetière-caveau sur ses terres, non loin de la maison.

Y sont enterrés les derniers propriétaires

Jean 24/06/1806 -> 04/03/1879 qui nous l’apprenons était lui aussi percepteur

Gustave 1839 -> 1922 et sa femme Irma, née Reynier 1843 -> 1916

Emile 1865 -> 1932 et sa femme Marie Delioux décédée en 1965

Jeanne 1904 -> 1972

Alain Planel 1944 -> 1991

Tous ces membres de la famille Jossaud ont peu vécu au Colombier en raison de leur profession. Ils avaient des fermiers qui cultivaient les terres et vivaient dans une partie de la maison. Mireille se souvient de quelques noms Aynard, Chanal, Bouillane …

Le grand-père de Mireille, Emile adorant la pêche avait fait construire des viviers près de la Sûre où il prenait plaisir à pêcher truites et écrevisses à l’ombre des nombreux fruitiers qu’il avait fait planter dans le grand champ en-dessous de la maison et qui descend en pente douce jusqu’à la rivière. Aujourd’hui tout a disparu pour rouvrir le champ à l’exploitation.

Les Planel, devenus propriétaires vont transformer la maison pour la rendre plus confortable et les granges et écuries accolées à la maison sont aménagées et deviennent une auberge, l’auberge du Colombier. Ils sont « Accueil à la ferme » avec une licence IV. Ils ouvrent un bar, une table d’hôtes et cinq chambres. Des soirées sont organisées à l’auberge, il y règne une belle animation et les affaires marchent pas mal.

Mais en 1991, Mireille perd son mari. Le fils Philippe va reprendre l’exploitation. Mais pour Mireille seule, la gestion de l’auberge est trop lourde et il devient évident qu’il va falloir se séparer de la partie auberge qui sera donc vendue et deviendra « gîte d’étape et de séjour ».

Je prends congé de Mireille riche de toutes ces informations, mais insatisfaite. Cette maison est très ancienne, la date de 1580 m’a alertée. L’importance de la propriété début XIXème m’a étonnée, la prestance de ces hommes et femmes photographiés dans cet album conforte ce sentiment de non aboutissement … J’ai raté quelque chose.

Alors je reprends mes recherches et (…) suite au prochain numéro.

Danièle Lebaillif, Sainte-Croix