L’assemblée géniale de Valdec’Quint

L’assemblée géniale de Valdec’Quint

Dimanche dernier, c’était l’Assemblée Géniale de Valdec’Quint!

Une fois de plus, les adhérents et sympathisants de l’association ont répondu présent à l’invitation et ont fait de cette journée un joli moment de rencontre et de convivialité !

Après un petit déj’ et la présentation des bilans (moral, d’activité et financier), les adhérents ont élu les membres du nouveau conseil d’administration ! Une très chouette équipe !

La matinée s’est terminée avec un repas offert par l’association, sous un soleil magnifique.

Au plaisir de vous retrouver à l’Épilibre ou sur les routes de notre belle vallée !

[Edito] : Quelle histoire !

Bien que riante, on sait que la vallée de Quint peut être rude. Les drames qu’ont causés les falaises de Font d’Urle ont été contés par le Berger poète Ulysse Richaud : ours, loups, tempêtes, chutes de troupeaux… Mais aussi : les cimetières familiaux qui ponctuent la campagne, témoins des intransigeances religieuses passées (cimetières catholiques et protestants séparés)… les stèles et monuments qui rappellent les heures tragiques des guerres (la stèle la plus émouvante pour moi à Tourette, en mémoire de 2 jeunes résistants qui ont été tués en même temps : l’un Français et l’autre allemand)… Et puis bien sûr, ces terres aux sols pauvres.

Et bien, une fois encore, la vallée a montré sa dureté. Ce qui appartient aux légendes et aux contes pour enfants, ce dont on entend parler aux infos, s’est révélé être la réalité. Plusieurs brebis, plusieurs vaches même, ont été récemment les victimes « du loup » dans la vallée.

Nous ne voulons pas prendre parti dans le débat actuel. Mais il nous a semblé que nous devions rendre compte dans la Feuille de Quint, qui relate ce qui se passe dans la vallée, de ces événements dramatiques pour les éleveurs ; et faire part à ces derniers de notre compréhension et de notre sympathie.

Et bien, ces terres qui peuvent sembler inhospitalières sont pourtant terres d’accueil depuis bien longtemps.

Les villages qui se dépeuplaient et qui ont subi l’exode rural comme partout en France se sont repeuplés. La démographie a augmenté dans les 4 villages de façon importante depuis les années 80. Depuis le dernier recensement cette progression est de 15 à 30 % alors que dans le même temps elle a augmenté de 4,1 % pour l’ensemble de la Drôme et de 2,4 % en France. Et ces nouveaux habitants plutôt jeunes travaillent, souvent dans le secteur agricole (en particulier à Vachères où nous avons été rencontrer les habitants), ont des enfants et sont très heureux d’habiter la vallée.

Comme si la rigueur, la frugalité mais aussi la poésie, la solidarité attiraient ceux qui croient que la Terre a un avenir. Peut-être est-ce ici un avant-goût du XXIIe siècle. C’est réellement ce que nous avons senti en arrivant dans cette vallée qui dégage autant d’espoir et d’énergie.

Bruno ROBINNE

Le loup actif en Quint

Préambule

Le rôle de la Feuille de Quint n’est pas d’alimenter le débat ou de prendre parti, mais nous avons souhaité faire connaître à l’ensemble des Quintous la problématique à laquelle sont confrontés les dix éleveurs de notre vallée.

Les faits

Le loup s’est manifesté encore récemment dans notre vallée et la FdQ a souhaité rencontrer des personnes qui ont été directement concernées par ces attaques afin qu’elles nous expliquent les faits et nous donnent un aperçu des conséquences et de leur problématique.

Jean-Claude BOUVET, éleveur des bovins attaqués dernièrement, a accepté de nous recevoir et a demandé à Didier MARTIN de se joindre à nous pour nous faire partager son expérience vécue sur des ovins. David VIEUX nous a aussi apporté son témoignage. Et nous les en remercions.

Jean-Claude nous explique qu’il a réussi à constituer, au fil du temps et sans ménager sa peine, un troupeau de 18 bovins qui sont en pâture de plein air intégral sur des terres de bois et taillis lui appartenant dans les hauts de Saint-Andéol. Un élevage entièrement naturel qui valorise ces terres pauvres et non cultivables et les entretient en limitant les risques d’incendie. Jean-Claude, ayant une activité par ailleurs, va voir ses bêtes 2 fois par semaine. Tout s’est bien passé jusque là et son exploitation est enfin devenue rentable et dégage à présent un petit bénéfice.

Son troupeau vient de subir 3 attaques successives à quelques semaines d’intervalle.

Suite à la 1ère attaque, 1 vache a été découverte morte. Il estime que 60 à 80kg de viande ont été consommée par le prédateur. Le constat a été fait, il s’agit bien d’une attaque de loup, bête éviscérée, cartilages des côtes dévorés, … spécificités attribuées au loup. Malheureusement la carcasse n’ayant pas été découverte de suite, Jean-Claude n’a pu être indemnisé, le délai légal de déclaration dans les 72h n’ayant pu être respecté.

Une quinzaine de jours plus tard, le jour de Noël, 2 de ses bêtes sont retrouvées mortes, sans avoir été consommées. Pas de blessure apparente, a priori mortes de stress. Le constat a de nouveau été fait et dans la période légale. Ces morts ont été effectivement attribuées à une attaque de loup et Jean-Claude a obtenu une indemnisation.

Il y a peu il a perdu une autre bête. Elle a tout simplement disparu. Une nouvelle attaque ? Une bête blessée, effrayée, quittant le troupeau pour aller mourir à l’écart ? Personne ne peut le dire, la carcasse n’ayant pas été retrouvée …

Jean-Claude est encore sous le coup de l’émotion et accepte difficilement que ses animaux aient eu une fin indigne, traqués, voire dévorés vivants. Et c’est compréhensible !

Et du point de vue financier, le bilan est sévère : 4 bêtes perdues, 2 seulement ayant donné lieu à indemnisation.

Pour Jean-Claude et les experts venus constater les faits, aucune solution de défense ne peut être mise en place pour un élevage bovin en plein air intégral. Il envisage éventuellement de vendre ses bêtes et d’arrêter cette activité sur laquelle il comptait beaucoup pour assurer un complément de retraite …

Didier a déjà connu plusieurs attaques de loup, sur Saint-Julien et sur Ambel dans les pâturages d’été. Il a perdu à Saint-Julien, près de chez lui, 4 bêtes il y a 2 ans, 3 égorgées et 1 blessée qu’il a fallu abattre. A priori et d’après les constats, 2 loups participaient aux attaques. Cet été sur le plateau d’Ambel, où sont réunies quelques 1200 brebis de la vallée, il y a eu environ une attaque par semaine et pendant plusieurs semaines. Il estime que les éleveurs sont indemnisés pour 50 % des pertes seulement. En effet des bêtes disparaissent sans trace et ne peuvent donc faire l’objet de dédommagement et les brebis d’un troupeau attaqué, stressées, donnent moins de naissance …

Didier nous explique que les ovins font l’objet de nombreuses attaques de loup dans le Diois et que toutes ces attaques sont constatées et centralisées par l’ONCFS (l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage). A certaines périodes de l’année, la personne réalisant ces constats a du mal à suivre le rythme des attaques …

Pour être indemnisé, l’éleveur d’ovins doit avoir mis en place des moyens de protection reconnus, soit des filets de protection électrifiés soit des chiens de type Patou ou Berger d’Anatolie.

Didier ne croit pas trop au parc électrifié. Le loup est intelligent, s’habitue vite et trouve des solutions pour passer outre. Il a donc opté pour des Patous qu’il élève dès leur plus jeune âge au sein du troupeau de brebis. Le troupeau devient alors son troupeau et il le garde. Didier possède 4 chiens à ce jour et il faudra certainement encore d’autres chiens pour assurer la sécurité du troupeau de ses 800 brebis. Mais cette solution n’est pas simple. Il faut élever, éduquer et entretenir les chiens et il y a le risque toujours possible d’incidents avec des randonneurs qui s’approcheraient trop près du troupeau …

David, éleveur de bovins et ovins, estime que la vallée a perdu une quarantaine de bêtes courant 2017 dont 8 à 10 bovins. Pour les bovins, à part de rentrer les bêtes, il confirme qu’il n’y a pas de solution pour les protéger des attaques. Pour les brebis, les éleveurs qui mettent leurs bêtes en pâture d’été sur Font d’Urle (environ 1300 bêtes) ont opté pour la présence de l’homme pour garder le troupeau. Deux personnes se relaient et s’installent même pour la nuit lorsqu’ils perçoivent des indices de la présence du loup.

David, lui-même chasseur, nous explique que le loup s’est tout d’abord attaqué à la faune sauvage. On voyait encore il y a 10 ans des troupeaux de mouflons. Ces bêtes ont peu à peu disparu. Puis se sont les cervidés (biches, chevreuils, chamois) qui ont fait les frais de la présence du loup. Soit ils ont été tués, soit ils ont fui, mais leur population a beaucoup chuté ces dernières années. Le loup s’attaque donc de plus en plus aux élevages et, depuis 3 ans, il vient même dans les vallées, près des bergeries dont David a appris à ses dépens à fermer les portes la nuit.

Danièle LEBAILLIF avec l’aide de

Jean-Claude BOUVET

Didier MARTIN

David VIEUX

Quelques questions que beaucoup se posent

De nouveau, vu le côté polémique du sujet, nous en restons aux faits.

Combien de loups en Europe ?

On recense, selon les estimations des uns et des autres, de 15.000 à 20.000 loups en Europe. La population la plus importante est située dans les pays de l’est (Roumanie – plus de 2000, Bulgarie plus de 1000) et en Espagne (2000 bêtes environ)

Combien de loups en France ?

Le chiffre officiel établi par l’ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage) est de 360 loups en France au printemps 2017. Ce chiffre est contesté par des éleveurs dont José Bové (député européen, éleveur membre de la confédération paysanne, qui réclame l’abattage du loup) qui annonce une population de loups à hauteur de 700 à 1000 individus.

Et combien dans le Diois ?

La sous-préfecture n’a pu répondre à cette question de façon précise car, nous dit-on, « le loup est une espèce sauvage, relativement discrète et nous n’avons aucun moyen de connaître le nombre d’individus. De plus, cette espèce est en perpétuel mouvement, même si nous pouvions avoir une “photographie” à l’instant T de la présence du loup sur un territoire précis, la nuit suivante, nous pourrions être certain que ce chiffre n’est plus bon. »

Par contre, la présence d’une meute nous est officiellement confirmée sur le Vercors Ouest (Zone de Présence Permanente de La Chapelle en Vercors, Bouvante, jusqu’à Léoncel, Gigors et Lozeron en passant par la vallée de Quint).

A-t-il été réintroduit en France ?

La très grande majorité des « experts » sont formels. Le loup est arrivé sans aide quelconque en traversant la frontière italienne par le Mercantour en 1992. Il n’avait jamais disparu en Italie où il est protégé depuis très longtemps.

Est-il protégé ?

Le loup (canis lupus) a été classé animal strictement protégé dans l’annexe II de la convention de Berne. Elle a été ratifiée par 47 pays dont la France en 1989.

Est-il en progression ?

Les statistiques de l’ONCFS montrent que la situation a fortement évolué depuis 1989. En 2005 on comptait un peu plus de 10 meutes. 52 sont recensées à ce jour.

Le loup est-il accusé de nombreuses attaques contre des troupeaux ?

Les chiffres officiels recensent la perte de plus de 11.000 ovins, caprins, ou bovins attribuée au loup en 2017, dont près de 600 en Drôme (400 en 2016). Une attaque est attribuée au loup si les indices sont confirmés par des photos par exemple ou une (coûteuse) analyse ADN, ou si les indices relevés n’écartent pas la probabilité que ce soit un loup qui est à l’origine de l’attaque.

Pour la zone du Vercors-Ouest qui concerne entre autre notre vallée, la sous-préfecture nous informe « qu’en 2017, les services de l’État ont effectué 56 constats (déplacement d’un agent de l’ONCFS pour vérifier si la victime déclarée par le propriétaire a bien été prédatée par le loup) sur le Vercors Ouest.

Sur ces 56 “déclarations” des éleveurs, 8 n’avaient aucun lien avec le loup et 3 étaient indéterminées (dans ce cas, le doute bénéficie à l’éleveur, donc indemnisation).

Nous pouvons donc dire qu’il s’est produit 48 attaques (56-8) sur ce territoire du Vercors Ouest.

Dans ces constats, 137 animaux ont été expertisés par l’ONCFS, 120 ont été indemnisés car prédatés par le loup. »

C’est quoi le plan loup ?

Tous les 5 ans, le gouvernement travaille sur un « plan loup », numéro d’équilibre difficile tant les tensions et les attentes sont fortes. Le plan loup doit permettre notamment de définir entre autres les modalités d’accompagnement des éleveurs en les indemnisant en cas d’attaques. Le plan loup 2018-2023 a pour ambition – nous citons – « d’assurer la viabilité de l’espèce », en visant une population de 500 loups en France en 2022. Il autorise le prélèvement (autorisation de tuer soit pour la défense autour des troupeaux soit par des gardes attitrés) 40 loups en 2018 et 10 à 12 % les années suivantes. On comprend dès lors aisément les combats autour des chiffres de présence en France.
A qui est confiée la tâche de tuer le loup si nécessité et autorisation ?

La sous-préfecture nous indique que « le loup est une espèce protégée, mais qu’à titre dérogatoire les éleveurs peuvent protéger leurs troupeaux lorsqu’ils disposent d’un arrêté préfectoral de tir de défense. Les premiers acteurs de la défense des troupeaux sont les éleveurs ou bergers. Dans l’arrêté préfectoral les y autorisant, sont listées nominativement un certain nombre de personnes pouvant agir en tir de défense. Ce peut être l’éleveur ou le berger, mais également un chasseur de l’ACCA locale. Les agents de l’ONCFS ou de la Louveterie sont amenés à intervenir sur des tirs de défense renforcée ou lors de tirs de prélèvement, lorsque la pression sur le troupeau le nécessite. Mais le premier acteur de la défense du troupeau est l’éleveur.

Le tir sur cet animal est très réglementé, la filière professionnelle connaît parfaitement cette réglementation et sait se rapprocher des services de l’État pour mettre en place les dispositifs légaux qui existent, arrêtés préfectoraux d’autorisation de tirs, mais surtout les mesures de protection des troupeaux. »

Le loup est-il dangereux pour l’homme ?

A ce jour, aucune attaque n’est recensée sur l’homme depuis son retour en France.

Jean-Claude MENGONI

Danièle LEBAILLIF

Histoire de maison : Les Bergers

Histoire de maison : Les Bergers

Nous savons notre vallée pleine de lieux de rêve, calmes, isolés, magnifiques que l’on découvre au détour d’un val, au fond d’une combe ou dans les replis des contreforts du Vercors. Mais trouver Les Bergers exige un peu de recherches. Vous dépassez St-Julien et vous orientez droit vers les montagnes, ensuite vous empruntez une route étroite, direction Les Bonnets et vous arrivez dans un beau petit val isolé dominé par les hautes falaises du Vercors. Un décor enchanteur, un mélange harmonieux de verdure et de pierre où vous vous sentez en paix. Et là, sur votre gauche à mi hauteur se trouvent une maison, quelques toits et murs de pierre qui émergent des landes en bordure de la forêt : les Bergers.

La ferme d’origine est implantée à flanc de coteau perpendiculairement à la pente. Le bâtiment à 2 niveaux couvert d’une toiture à 2 pentes accueille la grange à l’étage supérieur accessible de plain-pied à l’ouest et, dans son prolongement, la partie habitation constituée d’une unique pièce accessible par un escalier extérieur en façade sud. Le rez-de-chaussée bas accueillait étables et remises.

Autant la façade nord est fermée, autant la façade sud est ouverte, percée de portes de granges et d’ouvertures pour l’habitation. Cette façade est protégée des intempéries, pluie, neige mais aussi soleil, par un grand débord de toit qui court le long de la façade sans être parallèle à celle-ci : le débord se fait plus prononcé au-dessus de la porte de la grange et au-dessus de l’escalier d’accès à l’habitation. Ce bas de pente qui serpente donne une grande poésie et légèreté à cette façade.

Et puis le bâtiment s’est agrandi, on en voit les traces dans les maçonneries, par ajouts successifs qui ont été eux-mêmes transformés au fil du temps. Un grand bâtiment a été dressé à l’est sur 3 niveaux pour agrandir l’habitation à l’étage et accueillir une grande bergerie sur les 2 niveaux inférieurs, accessibles chacun de plain-pied en profitant de la pente.

Ces extensions ont été couvertes par des toitures à une pente courantes dans le diois. Celles-ci permettent des extensions en s’allongeant ou en se dédoublant selon les besoins et de regrouper sous un même toit l’habitation et les bâtiments agricoles.

Cet ensemble très compact et cohérent se prolonge à l’extérieur par des murets et des petits bâtiments fonctionnels comme le lavoir et le four à pain qui viennent raccrocher les bâtiments de la ferme à leur environnement. Et, au-delà de cet ensemble bâti, il reste du hameau initial encore une maison et d’autres petites constructions accrochées à la pente et couverts eux aussi de toitures à une pente.

La vaste bergerie est alimentée en eau par un long abreuvoir et nous comprenons qu’effectivement seuls des bergers ont pu s’installer dans les temps anciens sur ce site aride, situé à mi coteau, sans terres labourables ou si peu, à peine de quoi se nourrir. Un site magnifique, mais pas très accueillant, que les hommes ont dû dompter dans les temps anciens pour qu’on puisse imaginer les troupeaux de brebis, taches blanches mouvantes, envahir les prairies alentour et gravir la montagne vers les pâturages du Vercors en été …

Les anciens racontent que le hameau des Bergers comprenait de très nombreux foyers !… C’est très étonnant et sans doute un peu exagéré, mais toutes les ruines alentour laissent effectivement penser que ce site accueillait autrefois un bon nombre de maisons et d’habitants. Le cadastre de 1824 recense 19 bâtiments, maisons ou dépendances aux Bergers.

Pour en savoir plus, il a fallu consulter les tous premiers recensements connus. Ceux de 1836 et 1841 n’indiquent malheureusement pas le nom du hameau de résidence des habitants recensés et ne sont donc pas d’une grande utilité pour nos recherches, mais par la suite tout devient beaucoup plus précis.

On apprend qu’en 1846 vivaient aux Bergers 25 habitants répartis sur 6 familles :

La famille Richaud dans la grande maison comptant 7 personnes sur 3 générations, la famille Drogue avec 4 personnes sur 2 générations, la famille Daumas avec 4 personnes sur 3 générations, la famille Barret avec 3 personnes sur 2 générations, la famille Reynaud, 6 personnes sur 3 générations et Jean-Pierre Grangeron, 1 personne, garde-particulier …

Puis au fil des années le hameau a connu une grande instabilité. Les propriétaires se sont succédés sans s’installer durablement et les Bergers ont perdu peu à peu leurs habitants : de 25 résidents en 1846, il n’en restait plus qu’un en 1911, Ferdinand Barnarie dont on trouve le nom gravé sur un mur du lavoir avec mention de la date de mars 1914.

En effet la vie ne devait pas être simple dans ces lieux reculés en fond de vallée, au pied des montagnes. Et on peut comprendre que les habitants d’un petit village de bergers aient eu envie de rechercher des terres plus hospitalières pour fonder une famille et entretenir leur foyer.

Ce hameau qui dépérissait, tombait en ruine et paraissait voué à une mort certaine a retrouvé vie grâce à une famille amoureuse du Diois, Nicole et Gérard Dellinger et leurs enfants. En 1963, sur un coup de cœur de Nicole et malgré quelques réticences de Gérard, ils ont acheté ces bâtisses vétustes pour passer d’agréables vacances puis pour y habiter définitivement et s’investir dans la vie locale.

Nicole a animé le Comité des Fêtes pendant plusieurs années avec des animations fortes telles que le « Musée d’un jour » et le « Concert de musique classique » qui persistent encore aujourd’hui. Quant à Gérard son implication dans la vie du village l’a tout naturellement amené à devenir maire de Saint-Julien en 2001.

Nous ne pouvons que remercier cette famille qui a redonné vie au hameau des Bergers en le conservant, selon les souhaits de Nicole, « dans son jus » aussi bien en extérieur qu’à l’intérieur … Un bel exemple d’amour de notre Diois !

Danièle Lebaillif, Sainte-Croix

Bruno Robinne, Saint-Andéol

Avec la complicté et la bienveillance de Gérard Dellinger, les Bergers

La pyrale du buis

La pyrale du buis

Cet été on ne parlait que de ça : «  la nuit dernière en revenant de Saillans il y en avait des nuées, on ne pouvait plus conduire », « dans la vallée d’Omblèze les buis sont tous gris, comme morts », « hier soir les vitres en étaient recouvertes», « il parait qu’à Sainte Croix les buis sont attaqués sous le monastère »…Il s’agissait bien sûr de la pyrale du buis, ce papillon qui dévaste nos forêts depuis quelques années. Croisons les doigts, dans la vallée de Quint, il n’y a pas eu encore de grosses nuées. On peut s’y préparer !

Quel est ce papillon ?

C’est une espèce de papillon nocturne invasive venue d’Asie en 2010 : la Pyrale du buis, Cydalima perspectalis, sa chenille dévore exclusivement les feuilles de buis jusqu’à les décimer.

Le papillon, de grande taille, 3 à 5 cm, aux ailes blanches bordées d’un liseré brun aux reflets violacés, est un nocturne, donc sauf s’il est dérangé, il ne se manifeste pas le jour. Ces papillons pondent juste quelques jours après l’accouplement, avec à chaque ponte 1 200 œufs en moyenne par femelle.

Il y a trois cycles de reproduction chaque année : au printemps, à partir de mars – avril, en juin – juillet, et de septembre à novembre. La période la plus forte en nombre de pyrales du buis est entre début juillet et fin septembre.

La chenille : de grande taille elle aussi, 4 à 5 cm, striée dans le sens de la longueur de vert clair, vert foncé et noir. Elle n’a pas de prédateur, ou très peu. Certaines chenilles de la pyrale du buis arrivent à passer l’hiver et donc les premières attaques de printemps peuvent avoir lieu avant l’arrivée des papillons.

Les symptômes et les dégâts

Les dégâts causés par cet insecte sont considérables. Tout le monde a vu ces buis devenus gris, secs, comme morts, le buis est devenu défolié, il perd sa capacité à se régénérer. Des attaques successives laissent les buis exsangues et remettent en cause la survie des « buxaies ». La défoliation des buis augmente les risques d’incendie

L’observation : Contrôlez régulièrement vos buis en les inspectant jusqu’au cœur du feuillage. Vous serez alertés si vous voyez qu’il s’en dégage des papillons blancs et bruns de 3 à 5 cm, si vous apercevez des toiles tissées formant avec les feuilles des sortes de cocons parsemés de boulettes de déjections vertes, et bien sûr si vous trouvez des chenilles insatiables.

Des actions collectives de surveillance et de traitement sont indispensables pour limiter la propagation de la pyrale du buis.

Et bien se rappeler que certaines chenilles de la pyrale du buis arrivent à passer l’hiver et donc les premières attaques de printemps peuvent avoir lieu avant l’arrivée des papillons.

La prévention :

Vous pouvez couvrir vos buis de filet anti-insecte et/ou retirer manuellement les chenilles en les faisant tomber en secouant les buis et en les ébouillantant ou les brûlant (la chenille du buis n’est pas urticante). Plus vous détruirez rapidement un maximum de chenilles, mieux vous rendrez la lutte contre la pyrale du buis facile. Si vous êtes dans une zone sensible, vous devez inspecter vos buis au moins une fois par semaine. 

Les pièges :

Vous pouvez compléter votre surveillance par la mise en place de piège à phéromone (disponibles en jardinerie ou sur internet), un attractif sexuel, pour capturer les papillons mâles. En plus de limiter les attaques, ces pièges vous permettront de détecter plus tôt la présence d’éventuels papillons.  Mais ces pièges ne sont d’aucune utilité si l’on voit déjà des nuées de papillons le soir car ils seront très vite saturés.

D’autres sortes de pièges très simples à réaliser sont peut-être aussi efficaces que les pièges à phéromone : il suffit d’une bassine d’eau mélangée à du liquide vaisselle à placer sous une lumière allumée pendant la nuit. Les papillons y sont attirés et s’y noient en masse.

Les insecticides :

Si l’invasion a commencé, seul reste l’insecticide: traitement par pulvérisation de bactéries qui tuent les chenilles. La bactérie Bacillus thuringiensis  (autorisé en agriculture biologique) est très utilisée contre les chenilles mais pour que la dose soit létale, il faut pulvériser le produit contenant cette bactérie le plus tôt possible, dès les premiers stades larvaires, environ 8 jours après l’arrivée des papillons.

Un traitement préventif n’est pas utile car ce bacillus a une durée de vie assez courte une fois pulvérisé (1 semaine maximum). Le traitement doit être pulvérisé finement pour atteindre le maximum de feuillage en faisant attention à bien mouiller également le dessous des feuilles car les pontes ont lieu sous les feuilles.

Le bacillus thuringiensis étant sensible au UV il est conseillé de traiter soit en fin de journée soit par jour nuageux (mais sans pluie). Il est inutile de cibler directement les chenilles, celles qui seront atteintes par la pulvérisation seront rapidement détruites par le Bacillus ; la majorité des autres chenilles seront détruites lorsqu’elles consommeront le feuillage colonisé par cette bactérie. Ainsi, même les chenilles inaccessibles à la pulvérisation seront à un moment ou un autre contaminées et détruites. La bactérie transforme le buis en piège mortel pour les chenilles qui mourront en deux à trois jours.

Inutile de retraiter avant un délai de 7 à 10 jours car le Bacillus reste actif pendant cette période. Mais il est prudent de refaire un traitement 8 jours après au cas où quelques chenilles auraient réchappé au premier passage. Si vous ne faites pas ce deuxième passage, il y a de forte chance qu’il reste quelques chenilles qui vont ravager vos buis.

Après cette première phase de traitement, vous constaterez une amélioration et la repousse des feuilles, mais cela ne résoudra pas définitivement le problème.

Le cycle de vie de la pyrale du buis conduit à plusieurs pontes dans l’année. Il faut donc renouveler l’opération tous les mois jusqu’à l’hiver. Le renouvellement du traitement en fin d’hiver ou au début du printemps de l’année suivante permet de venir à bout des larves ayant hiverné au sein de vos buis.

Les autres insecticides. Vous pouvez également saupoudrer vos buis avec de la terre de Diatomée utilisée en agriculture biologique, mais il n’est pas sélectif et risque de tuer les autres insectes. Il existe également des insecticides chimiques anti-chenilles qui ne sont pas plus efficaces que le bacillus thuringiensis et qui ont l’inconvénient de détruire les autres insectes.

Les prédateurs naturels

Une entreprise drômoise a identifié un prédateur naturel à la pyrale. Il s’agit d’une guêpe qui empêche la reproduction du papillon. le trichotop buxus, une guêpe microscopique qui agit dès le stade de reproduction du papillon. 

Bien que les substances du buis en grande quantité soient toxique pour les oiseaux, Il semblerait que parmi ces derniers certains puissent se nourrir des chenilles de la pyrale : la mésange, le pinson voir le moineau. Il s’agit alors d’installer des nichoirs pour favoriser leur nidification à proximité des buis

Une fois l’attaque passée

La sauvegarde des buis atteints dépend de leur degré de destruction par la pyrale. S’ils n’ont été que partiellement atteints, ils referont leur feuillage sans grandes difficultés, dans tous les cas laissez-les en place, arrosez les jeunes sujets et fertilisez avec un engrais coup de fouet type sang séché pour favoriser le redémarrage. Par contre certains buis complètement ravagés par les chenilles ne pourront malheureusement pas reverdir.

Et de toute façon on croise les doigts pour que la pyrale oublie notre vallée.

Bruno Robinne