Bien que riante, on sait que la vallée de Quint peut être rude. Les drames qu’ont causés les falaises de Font d’Urle ont été contés par le Berger poète Ulysse Richaud : ours, loups, tempêtes, chutes de troupeaux… Mais aussi : les cimetières familiaux qui ponctuent la campagne, témoins des intransigeances religieuses passées (cimetières catholiques et protestants séparés)… les stèles et monuments qui rappellent les heures tragiques des guerres (la stèle la plus émouvante pour moi à Tourette, en mémoire de 2 jeunes résistants qui ont été tués en même temps : l’un Français et l’autre allemand)… Et puis bien sûr, ces terres aux sols pauvres.

Et bien, une fois encore, la vallée a montré sa dureté. Ce qui appartient aux légendes et aux contes pour enfants, ce dont on entend parler aux infos, s’est révélé être la réalité. Plusieurs brebis, plusieurs vaches même, ont été récemment les victimes « du loup » dans la vallée.

Nous ne voulons pas prendre parti dans le débat actuel. Mais il nous a semblé que nous devions rendre compte dans la Feuille de Quint, qui relate ce qui se passe dans la vallée, de ces événements dramatiques pour les éleveurs ; et faire part à ces derniers de notre compréhension et de notre sympathie.

Et bien, ces terres qui peuvent sembler inhospitalières sont pourtant terres d’accueil depuis bien longtemps.

Les villages qui se dépeuplaient et qui ont subi l’exode rural comme partout en France se sont repeuplés. La démographie a augmenté dans les 4 villages de façon importante depuis les années 80. Depuis le dernier recensement cette progression est de 15 à 30 % alors que dans le même temps elle a augmenté de 4,1 % pour l’ensemble de la Drôme et de 2,4 % en France. Et ces nouveaux habitants plutôt jeunes travaillent, souvent dans le secteur agricole (en particulier à Vachères où nous avons été rencontrer les habitants), ont des enfants et sont très heureux d’habiter la vallée.

Comme si la rigueur, la frugalité mais aussi la poésie, la solidarité attiraient ceux qui croient que la Terre a un avenir. Peut-être est-ce ici un avant-goût du XXIIe siècle. C’est réellement ce que nous avons senti en arrivant dans cette vallée qui dégage autant d’espoir et d’énergie.

Bruno ROBINNE