ACOPREV ouvre une voie h2

ACOPREV ouvre une voie h2

L’association ACOPREV organisait les 27 et 28 mai ses “journées hydrogène”. Une superbe occasion pour l’association de présenter son travail et surtout, sa vision d’un territoire pilote en matière de transition énergétique.

L’événement a rassemblé plus de 200 personnes, qui ont profité de conférences, débats, mais aussi d’essais de véhicules roulant à l’hydrogène.

L’association remercie tout particulièrement les bénévoles qui ont contribué à l’organisation de ces deux journées.

La MAM, un beau projet solidaire sur le point d’éclore

La MAM, un beau projet solidaire sur le point d’éclore

C’est avant tout une histoire d’amitié, d’envies partagées et de réflexions mutuelles sur le monde de la petite enfance qui a tissé le lien entre 3 jeunes femmes, toutes les 3 mamans, Olivia Robinson, Tiphaine Saintrain  et Aude Chopart. Elles ont réuni leurs énergies et leur détermination pour imaginer, élaborer puis proposer et enfin mettre en oeuvre leur projet commun : la création d’une MAM (Maison d’Assistantes Maternelles). Celle-­ci sera située au col de Marignac et ouvrira ses portes en Octobre 2018.

C’est un projet de longue haleine pour lequel elles ont été soutenues à diverses étapes de leur entreprise par Christelle Arnaud-­Ribes du Relais d’Assistantes Maternelles du Pays Diois, Anouk Avons de la Communauté des Communes du Diois et Olivier Royer de l’Espace Social et Culturel Du Diois. Ils leur ont apporté leur écoute, leur expertise et mis à disposition des moyens logistiques et pratiques.

Depuis fin 2017, le projet est officiellement soutenu et porté par l’association ValdeQuint.

Après une licence en Relations Internationales et Développement Durable, Olivia Robinson, d’origine anglaise, avait le souhait d’œuvrer dans un domaine réunissant tout à la fois le monde de l’enfance et le
monde agricole. Après une première année riche d’expériences à la Ferme des Enfants en Ardèche, où elle a été invitée avec son compagnon par Sophie Rabhi et dont l’objet était d’animer des ateliers
pédagogiques, elle accueille l’arrivée de son premier enfant. Les futurs parents partent ensuite en Isère sur un projet agricole et collectif. Là, dans un petit village, elle y expérimente la garde parentale
partagée et le lien solidaire. Leurs occupations professionnelles leur faisant régulièrement traverser la Drôme, qui les attire par sa beauté et son mode de vie, ils finissent par déménager à Saillans, puis font
un passage par Die et enfin se posent à Marignac. C’est à Saillans qu’Olivia Robinson rencontre Laure Martin, la directrice de l’école de Véronne, à l’époque en plein montage de son projet.

 

[su_box title=”Une MAM qu’est-ce-que c’est ?” style=”soft” box_color=”#424C71″ title_color=”#FFF4BD”]C’est un regroupement de 2 à 4 assistant­e­s maternel­le­s, accueillant des enfants dans un lieu de vie qui leur est dédié et avec un travail en équipe. Chaque assistant­e maternel­le peut être agréé­e pour accueillir 4 enfants au maximum. L’assistant­e maternel­le est employé­e par les parents. [/su_box]

 

Laure Martin, intéressée entre autres par les compétences en anglais d’Olivia Robinson, lui propose de l’engager. Elle s’y investira pendant 3 ans et y retrouve Aude Chopart, avec qui elle s’était précédemment liée d’amitié, et dont une petite fille est scolarisée dans cet établissement qui s’appuie sur les principes de la méthode Montessori. Par ailleurs c’est à Marignac qu’elle fait la connaissance de Tiphaine Saintrain, enceinte de son premier enfant, alors qu’elle­ même commence une deuxième grossesse et avec qui elle mettra en place une garde parentale partagée.

Depuis son expérience à la Ferme des Enfants en Ardèche, Olivia Robinson avait l’idée en tête de créer son propre projet et de trouver une solution pour donner un accès plus aisé à des types de pédagogies alternatives. Elle partage ses réflexions avec Tiphaine. L’idée de la création d’une MAM fait tranquillement son chemin, d’autant que sa participation au conseil d’administration de Graine de Savoir, à Die, l’avait informée de la problématique de la garde d’enfants sur le territoire du Diois.

Aude Chopart de son côté avait déjà connu une initiative de MAM sur le secteur de Saillans-­Aurel mais qui n’avait pas aboutie. Elle était donc intéressée de se joindre à l’entreprise lancée par les 2 jeunes femmes d’autant qu’elle avait à cœur l’envie de participer à un projet depuis sa création. Titulaire d’un Bac littéraire avec langues étrangères, option arts plastiques ainsi que d’un BAFA, elle a également étudié dans le cadre d’un DEUG en Sciences du Langage et se forme comme fleuriste et en maroquinerie. Maman de deux petites filles de 3 et 6 ans, elle est Assistante Maternelle depuis 2016, en poste actuellement à la MAM de Gigors, après avoir exercé à domicile dans un premier temps. C’est lors de sa première grossesse qu’elle s’est particulièrement intéressée à la mé­thode Montessori et elle a donc fait une formation d’introduction à cette pédagogie à l’AMI dont elle obtient le diplôme d’Assistante Montessori pour les 0-­3 ans.

Issue d’une famille d’enseignants et d’éducateurs impli­qués dans de nouvelles démarches éducatives, elle a elle-­même enfant vécu pendant deux ans une expérience de pédagogie Freinet qui lui a laissé une empreinte durable et d’excellents souvenirs dont notamment le lien profond avec la nature et l’éveil d’un esprit curieux. Elle avait donc le désir de recontacter ce type d’expérience pour les intégrer dans son activité professionnelle et l’envie d’en faire bénéficier les enfants.

En effet des principes forts sont à l’origine de cette volonté d’œuvrer en commun :

  • Encourager l’autonomie, en favorisant la confiance en soi.
  • Apprendre à vivre ensemble, en valorisant les expériences de coopération.
  • S’émerveiller de la beauté et la richesse de la nature, en privilégiant les activités à l’extérieur.
  • Favoriser l’apprentissage par les sens en respectant les envies instinctives de l’enfant.
  • Explorer le mouvement, en offrant un environnement adapté et sécurisé.

Tels sont les axes clés qui se trouvent au cœur du soin et de la pédagogie que souhaitent mettre en oeuvre les 3 porteuses du projet, et qui fondent leur démarche.

Curiosité sensorielle et exploration du mouvement, voilà deux notions qui ne sont pas étrangères à Tiphaine Saintrain. Depuis l’enfance elle danse et s’est donc formée pour enseigner sa passion. Depuis l’adolescence, elle anime des centres de vacances et des classes découvertes pour enfants. De plus elle est musicienne et cette double compétence lui donne une vision particulière de la corporalité. A l’origine, un parcours plutôt urbain mais qui finira par déboucher sur un ressenti puissant et un besoin urgent de changer de cadre de vie. Tiphaine passe à Paris le Diplôme d’Etat d’Enseignement de la Danse et avant d’arriver dans le Diois à l’été 2014 pour s’installer au Hameau de La Croix. Elle est forte de son expérience de 7 années d’enseignement au sein de plusieurs écoles de musique et de danse à Marseille. Ses élèves ont entre 4 et 17 ans. Sa “double casquette” lui donne l’occasion de se former à la pédagogie Dalcroze, fondée sur la perception de la musique par la sensation et le mouvement. Cette combinaison lui donne la possibilité de travailler en binôme et d’explorer des projets d’équipe où elle savoure le goût du “faire ensemble”. A son arrivée dans le Diois, elle prend une pause et réfléchit sur la convergence de ses envies et des besoins du territoire et cherche une activité complémentaire à la danse. En attente de son premier bébé, lui vient alors l’idée de joindre les soins à son enfant à une activité professionnelle. Les discussions, échanges et
réflexions menés avec Olivia Robinson font émerger cette envie partagée de créer une MAM.

De gauche à droite : Tiphaine, Olivia, Aude, Charlotte et Aline

Une précision importante dans la constitution de l’équipe: Olivia Robinson est enceinte et ne pourra pas faire partie de l’équipe accueillante de la MAM avant septembre 2019. Deux personnes de confiance et d’expérience viendront donc compléter l’équipe pour cette première année de fonctionnement qui aura la possibilité d’accueillir un maximum d’une dizaine d’enfants.
Il s’agit de Charlotte Metral et Aline Dettring.

Charlotte est mère d’une petite fille de 5 ans et Assistante Maternelle agréée depuis 2013. Diplômée d’un CAP Petite Enfance, elle a également été Aide auxiliaire puéricultrice à la Maison de l’enfance du Grand Bornand en Haute Savoie et s’est formée à différents outils de communication : Faber et Mazlish, CNV, Accompagner les tout­-petits avec son enfant intérieur.

Aline, peintre et dessinatrice d’origine allemande, est mère d’un petit garçon de 2 ans. Elle a de nombreuses expériences professionnelles avec les enfants et est diplômée Assistante Montessori pour les 3­6 ans. Impliquée dans une garde parentale partagée sur Saillans, elle est en cours de demande d’agrément comme Assistante Maternelle.

Le projet de la MAM a été accueilli en février 2018 au sein de l’association Valdequint à la suite d’un séminaire organisé par l’association dont le résultat a fait ressortir la carence du territoire en matière d’accueil de la petite enfance. Valdequint a donc souhaité manifester son soutien à cette entreprise collective et citoyenne.
Nous vous donnons rendez­-vous dans la prochaine Feuille de Quint pour une présentation plus détaillée de la MAM “Curieux de nature” qui sera alors à la veille de son ouverture ! D’ici là , si vous souhaitez soutenir l’équipe porteuse de ce projet pour les dernières étapes qu’il leur reste à traverser, ou si vous êtes parents, à la recherche d’un lieu d’accueil pour votre enfant, n’hésitez pas à prendre contact avec elles !

Contact & Information :
Tiphaine Saintrain : 06 17 84 13 30 / tiphaine [arobase] valdequint [point] fr
Aude Chopart : 06 07 37 59 76 / aude [arobase] valdequint [point] fr
Courriel MAM : curieuxdenature [arobase] valdequint [point] fr

Site web (en construction) : mam.valdequint.fr

Sarah de Caumon

L’assemblée géniale de Valdec’Quint

L’assemblée géniale de Valdec’Quint

Dimanche dernier, c’était l’Assemblée Géniale de Valdec’Quint!

Une fois de plus, les adhérents et sympathisants de l’association ont répondu présent à l’invitation et ont fait de cette journée un joli moment de rencontre et de convivialité !

Après un petit déj’ et la présentation des bilans (moral, d’activité et financier), les adhérents ont élu les membres du nouveau conseil d’administration ! Une très chouette équipe !

La matinée s’est terminée avec un repas offert par l’association, sous un soleil magnifique.

Au plaisir de vous retrouver à l’Épilibre ou sur les routes de notre belle vallée !

[Edito] : Quelle histoire !

Bien que riante, on sait que la vallée de Quint peut être rude. Les drames qu’ont causés les falaises de Font d’Urle ont été contés par le Berger poète Ulysse Richaud : ours, loups, tempêtes, chutes de troupeaux… Mais aussi : les cimetières familiaux qui ponctuent la campagne, témoins des intransigeances religieuses passées (cimetières catholiques et protestants séparés)… les stèles et monuments qui rappellent les heures tragiques des guerres (la stèle la plus émouvante pour moi à Tourette, en mémoire de 2 jeunes résistants qui ont été tués en même temps : l’un Français et l’autre allemand)… Et puis bien sûr, ces terres aux sols pauvres.

Et bien, une fois encore, la vallée a montré sa dureté. Ce qui appartient aux légendes et aux contes pour enfants, ce dont on entend parler aux infos, s’est révélé être la réalité. Plusieurs brebis, plusieurs vaches même, ont été récemment les victimes « du loup » dans la vallée.

Nous ne voulons pas prendre parti dans le débat actuel. Mais il nous a semblé que nous devions rendre compte dans la Feuille de Quint, qui relate ce qui se passe dans la vallée, de ces événements dramatiques pour les éleveurs ; et faire part à ces derniers de notre compréhension et de notre sympathie.

Et bien, ces terres qui peuvent sembler inhospitalières sont pourtant terres d’accueil depuis bien longtemps.

Les villages qui se dépeuplaient et qui ont subi l’exode rural comme partout en France se sont repeuplés. La démographie a augmenté dans les 4 villages de façon importante depuis les années 80. Depuis le dernier recensement cette progression est de 15 à 30 % alors que dans le même temps elle a augmenté de 4,1 % pour l’ensemble de la Drôme et de 2,4 % en France. Et ces nouveaux habitants plutôt jeunes travaillent, souvent dans le secteur agricole (en particulier à Vachères où nous avons été rencontrer les habitants), ont des enfants et sont très heureux d’habiter la vallée.

Comme si la rigueur, la frugalité mais aussi la poésie, la solidarité attiraient ceux qui croient que la Terre a un avenir. Peut-être est-ce ici un avant-goût du XXIIe siècle. C’est réellement ce que nous avons senti en arrivant dans cette vallée qui dégage autant d’espoir et d’énergie.

Bruno ROBINNE

Le loup actif en Quint

Préambule

Le rôle de la Feuille de Quint n’est pas d’alimenter le débat ou de prendre parti, mais nous avons souhaité faire connaître à l’ensemble des Quintous la problématique à laquelle sont confrontés les dix éleveurs de notre vallée.

Les faits

Le loup s’est manifesté encore récemment dans notre vallée et la FdQ a souhaité rencontrer des personnes qui ont été directement concernées par ces attaques afin qu’elles nous expliquent les faits et nous donnent un aperçu des conséquences et de leur problématique.

Jean-Claude BOUVET, éleveur des bovins attaqués dernièrement, a accepté de nous recevoir et a demandé à Didier MARTIN de se joindre à nous pour nous faire partager son expérience vécue sur des ovins. David VIEUX nous a aussi apporté son témoignage. Et nous les en remercions.

Jean-Claude nous explique qu’il a réussi à constituer, au fil du temps et sans ménager sa peine, un troupeau de 18 bovins qui sont en pâture de plein air intégral sur des terres de bois et taillis lui appartenant dans les hauts de Saint-Andéol. Un élevage entièrement naturel qui valorise ces terres pauvres et non cultivables et les entretient en limitant les risques d’incendie. Jean-Claude, ayant une activité par ailleurs, va voir ses bêtes 2 fois par semaine. Tout s’est bien passé jusque là et son exploitation est enfin devenue rentable et dégage à présent un petit bénéfice.

Son troupeau vient de subir 3 attaques successives à quelques semaines d’intervalle.

Suite à la 1ère attaque, 1 vache a été découverte morte. Il estime que 60 à 80kg de viande ont été consommée par le prédateur. Le constat a été fait, il s’agit bien d’une attaque de loup, bête éviscérée, cartilages des côtes dévorés, … spécificités attribuées au loup. Malheureusement la carcasse n’ayant pas été découverte de suite, Jean-Claude n’a pu être indemnisé, le délai légal de déclaration dans les 72h n’ayant pu être respecté.

Une quinzaine de jours plus tard, le jour de Noël, 2 de ses bêtes sont retrouvées mortes, sans avoir été consommées. Pas de blessure apparente, a priori mortes de stress. Le constat a de nouveau été fait et dans la période légale. Ces morts ont été effectivement attribuées à une attaque de loup et Jean-Claude a obtenu une indemnisation.

Il y a peu il a perdu une autre bête. Elle a tout simplement disparu. Une nouvelle attaque ? Une bête blessée, effrayée, quittant le troupeau pour aller mourir à l’écart ? Personne ne peut le dire, la carcasse n’ayant pas été retrouvée …

Jean-Claude est encore sous le coup de l’émotion et accepte difficilement que ses animaux aient eu une fin indigne, traqués, voire dévorés vivants. Et c’est compréhensible !

Et du point de vue financier, le bilan est sévère : 4 bêtes perdues, 2 seulement ayant donné lieu à indemnisation.

Pour Jean-Claude et les experts venus constater les faits, aucune solution de défense ne peut être mise en place pour un élevage bovin en plein air intégral. Il envisage éventuellement de vendre ses bêtes et d’arrêter cette activité sur laquelle il comptait beaucoup pour assurer un complément de retraite …

Didier a déjà connu plusieurs attaques de loup, sur Saint-Julien et sur Ambel dans les pâturages d’été. Il a perdu à Saint-Julien, près de chez lui, 4 bêtes il y a 2 ans, 3 égorgées et 1 blessée qu’il a fallu abattre. A priori et d’après les constats, 2 loups participaient aux attaques. Cet été sur le plateau d’Ambel, où sont réunies quelques 1200 brebis de la vallée, il y a eu environ une attaque par semaine et pendant plusieurs semaines. Il estime que les éleveurs sont indemnisés pour 50 % des pertes seulement. En effet des bêtes disparaissent sans trace et ne peuvent donc faire l’objet de dédommagement et les brebis d’un troupeau attaqué, stressées, donnent moins de naissance …

Didier nous explique que les ovins font l’objet de nombreuses attaques de loup dans le Diois et que toutes ces attaques sont constatées et centralisées par l’ONCFS (l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage). A certaines périodes de l’année, la personne réalisant ces constats a du mal à suivre le rythme des attaques …

Pour être indemnisé, l’éleveur d’ovins doit avoir mis en place des moyens de protection reconnus, soit des filets de protection électrifiés soit des chiens de type Patou ou Berger d’Anatolie.

Didier ne croit pas trop au parc électrifié. Le loup est intelligent, s’habitue vite et trouve des solutions pour passer outre. Il a donc opté pour des Patous qu’il élève dès leur plus jeune âge au sein du troupeau de brebis. Le troupeau devient alors son troupeau et il le garde. Didier possède 4 chiens à ce jour et il faudra certainement encore d’autres chiens pour assurer la sécurité du troupeau de ses 800 brebis. Mais cette solution n’est pas simple. Il faut élever, éduquer et entretenir les chiens et il y a le risque toujours possible d’incidents avec des randonneurs qui s’approcheraient trop près du troupeau …

David, éleveur de bovins et ovins, estime que la vallée a perdu une quarantaine de bêtes courant 2017 dont 8 à 10 bovins. Pour les bovins, à part de rentrer les bêtes, il confirme qu’il n’y a pas de solution pour les protéger des attaques. Pour les brebis, les éleveurs qui mettent leurs bêtes en pâture d’été sur Font d’Urle (environ 1300 bêtes) ont opté pour la présence de l’homme pour garder le troupeau. Deux personnes se relaient et s’installent même pour la nuit lorsqu’ils perçoivent des indices de la présence du loup.

David, lui-même chasseur, nous explique que le loup s’est tout d’abord attaqué à la faune sauvage. On voyait encore il y a 10 ans des troupeaux de mouflons. Ces bêtes ont peu à peu disparu. Puis se sont les cervidés (biches, chevreuils, chamois) qui ont fait les frais de la présence du loup. Soit ils ont été tués, soit ils ont fui, mais leur population a beaucoup chuté ces dernières années. Le loup s’attaque donc de plus en plus aux élevages et, depuis 3 ans, il vient même dans les vallées, près des bergeries dont David a appris à ses dépens à fermer les portes la nuit.

Danièle LEBAILLIF avec l’aide de

Jean-Claude BOUVET

Didier MARTIN

David VIEUX

Quelques questions que beaucoup se posent

De nouveau, vu le côté polémique du sujet, nous en restons aux faits.

Combien de loups en Europe ?

On recense, selon les estimations des uns et des autres, de 15.000 à 20.000 loups en Europe. La population la plus importante est située dans les pays de l’est (Roumanie – plus de 2000, Bulgarie plus de 1000) et en Espagne (2000 bêtes environ)

Combien de loups en France ?

Le chiffre officiel établi par l’ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage) est de 360 loups en France au printemps 2017. Ce chiffre est contesté par des éleveurs dont José Bové (député européen, éleveur membre de la confédération paysanne, qui réclame l’abattage du loup) qui annonce une population de loups à hauteur de 700 à 1000 individus.

Et combien dans le Diois ?

La sous-préfecture n’a pu répondre à cette question de façon précise car, nous dit-on, « le loup est une espèce sauvage, relativement discrète et nous n’avons aucun moyen de connaître le nombre d’individus. De plus, cette espèce est en perpétuel mouvement, même si nous pouvions avoir une “photographie” à l’instant T de la présence du loup sur un territoire précis, la nuit suivante, nous pourrions être certain que ce chiffre n’est plus bon. »

Par contre, la présence d’une meute nous est officiellement confirmée sur le Vercors Ouest (Zone de Présence Permanente de La Chapelle en Vercors, Bouvante, jusqu’à Léoncel, Gigors et Lozeron en passant par la vallée de Quint).

A-t-il été réintroduit en France ?

La très grande majorité des « experts » sont formels. Le loup est arrivé sans aide quelconque en traversant la frontière italienne par le Mercantour en 1992. Il n’avait jamais disparu en Italie où il est protégé depuis très longtemps.

Est-il protégé ?

Le loup (canis lupus) a été classé animal strictement protégé dans l’annexe II de la convention de Berne. Elle a été ratifiée par 47 pays dont la France en 1989.

Est-il en progression ?

Les statistiques de l’ONCFS montrent que la situation a fortement évolué depuis 1989. En 2005 on comptait un peu plus de 10 meutes. 52 sont recensées à ce jour.

Le loup est-il accusé de nombreuses attaques contre des troupeaux ?

Les chiffres officiels recensent la perte de plus de 11.000 ovins, caprins, ou bovins attribuée au loup en 2017, dont près de 600 en Drôme (400 en 2016). Une attaque est attribuée au loup si les indices sont confirmés par des photos par exemple ou une (coûteuse) analyse ADN, ou si les indices relevés n’écartent pas la probabilité que ce soit un loup qui est à l’origine de l’attaque.

Pour la zone du Vercors-Ouest qui concerne entre autre notre vallée, la sous-préfecture nous informe « qu’en 2017, les services de l’État ont effectué 56 constats (déplacement d’un agent de l’ONCFS pour vérifier si la victime déclarée par le propriétaire a bien été prédatée par le loup) sur le Vercors Ouest.

Sur ces 56 “déclarations” des éleveurs, 8 n’avaient aucun lien avec le loup et 3 étaient indéterminées (dans ce cas, le doute bénéficie à l’éleveur, donc indemnisation).

Nous pouvons donc dire qu’il s’est produit 48 attaques (56-8) sur ce territoire du Vercors Ouest.

Dans ces constats, 137 animaux ont été expertisés par l’ONCFS, 120 ont été indemnisés car prédatés par le loup. »

C’est quoi le plan loup ?

Tous les 5 ans, le gouvernement travaille sur un « plan loup », numéro d’équilibre difficile tant les tensions et les attentes sont fortes. Le plan loup doit permettre notamment de définir entre autres les modalités d’accompagnement des éleveurs en les indemnisant en cas d’attaques. Le plan loup 2018-2023 a pour ambition – nous citons – « d’assurer la viabilité de l’espèce », en visant une population de 500 loups en France en 2022. Il autorise le prélèvement (autorisation de tuer soit pour la défense autour des troupeaux soit par des gardes attitrés) 40 loups en 2018 et 10 à 12 % les années suivantes. On comprend dès lors aisément les combats autour des chiffres de présence en France.
A qui est confiée la tâche de tuer le loup si nécessité et autorisation ?

La sous-préfecture nous indique que « le loup est une espèce protégée, mais qu’à titre dérogatoire les éleveurs peuvent protéger leurs troupeaux lorsqu’ils disposent d’un arrêté préfectoral de tir de défense. Les premiers acteurs de la défense des troupeaux sont les éleveurs ou bergers. Dans l’arrêté préfectoral les y autorisant, sont listées nominativement un certain nombre de personnes pouvant agir en tir de défense. Ce peut être l’éleveur ou le berger, mais également un chasseur de l’ACCA locale. Les agents de l’ONCFS ou de la Louveterie sont amenés à intervenir sur des tirs de défense renforcée ou lors de tirs de prélèvement, lorsque la pression sur le troupeau le nécessite. Mais le premier acteur de la défense du troupeau est l’éleveur.

Le tir sur cet animal est très réglementé, la filière professionnelle connaît parfaitement cette réglementation et sait se rapprocher des services de l’État pour mettre en place les dispositifs légaux qui existent, arrêtés préfectoraux d’autorisation de tirs, mais surtout les mesures de protection des troupeaux. »

Le loup est-il dangereux pour l’homme ?

A ce jour, aucune attaque n’est recensée sur l’homme depuis son retour en France.

Jean-Claude MENGONI

Danièle LEBAILLIF