En se promenant dans notre vallée, on aperçoit de plus en plus de ruchers, petits et grands. Même si autrefois, la plupart des familles élevaient des abeilles, souvent dans des troncs creux, le nombre d’apiculteurs avait diminué largement ces quelques dernières décennies. La prise de conscience du rôle des abeilles dans la biodiversité a depuis peu poussé des habitants – parfois très amateurs comme moi – à rejoindre les apiculteurs chevronnés. Nous irons à la rencontre de quelques-uns d’entre-eux dans le prochain n° de la feuille de Quint. En attendant, faisons connaissance avec cet animal extraordinaire.
Un corps ingénieux
Rien que l’étude de leur corps, de leurs récoltes et de leurs transformations démontre l’ingéniosité de ces petites bêtes. Voyez plutôt. La lèvre inférieure, velue, s’allonge au cours de la quête. Elle est parcourue par un sillon qui forme un tube d’aspiration pour récolter les nectars. Les antennes, organes sensitifs d’une subtilité aiguë, captent les sons et les odeurs. Elles sont à la fois l’ouïe, l’odorat et le toucher. Le thorax sert d’attache aux quatre ailes membraneuses, légères et horizontales au repos. Les pattes postérieures chez l’ouvrière sont munies de cavités ou corbeilles pour l’emmagasinage du pollen et son transport. Outre le miel issu du nectar des fleurs, qui nourrira la ruche pendant l’hiver, les abeilles amassent le pollen, qu’elles agglomèrent en pelotes jaunâtres dans la “corbeille” de leurs pattes arrière. Le pollen, également appelé “pain des abeilles” est réservé aux ouvrières et aux faux bourdons, qui en consomment près de 25 kg par an et par ruche. Le corps des butineuses se couvre de pollen lors du passage de fleur en fleur. Il sera ainsi déposé sur le pistil des fleurs femelle. Ce phénomène, appelé pollinisation, est à la base de l’apparition des fruits. Autre transformation magique des abeilles, la gelée royale est réservée à certaines larves destinées à devenir ces infatigables faiseuses de vie que sont les reines. La gelée royale est un miel savamment fabriqué, enrichi d’hormones et de vitamines. Grâce à une pré-digestion profonde, les nourrices spécialisées élaborent cette substance exceptionnelle qui permettra à l’unique mère de la ruche de vivre plus de trois ou quatre ans, alors que l’ouvrière succombe vers huit mois, dans les cas les plus favorables.
Une organisation étonnante
Les abeilles sont vraiment fascinantes. Leurs fonctions changent dans le temps. Les deux premiers jours qui suivent leur naissance, les abeilles sont affectées au nettoyage des cellules. Du 2e au 11e jour de vie, elles nourrissent les larves, prennent soin du couvain et de la reine. Du 11e au 20e jour, elles assurent la réception du nectar à l’entrée de la ruche, gèrent le stockage du pollen, évacuent les déchets vers l’extérieur et se chargent de bâtir les alvéoles de cire et de les polir. Au-delà du 20e jour, elles deviennent butineuses et ont la charge d’approvisionnement. La ruche abrite jusqu’à 80 000 ouvrières en mai et juin, toutes sœurs et filles de la reine. Sa production annuelle peut atteindre 40 kilos de miel par an. La reine a pour unique mission de pondre jour et nuit. A la belle saison, elle pond au rythme infernal, mais nécessaire, d’un œuf par minute, soit près de 2000 œufs par jour.
Quand une abeille découvre une source de pollen ou de nectar et veut prévenir ses sœurs, elle ne fait pas de long discours. Une petite danse suffit. Elle attire les autres butineuses, offrant quelques gouttes de son nectar récolté. Puis, par un frétillement, elle décrit un huit dont l’inclinaison par rapport au soleil indique l’angle de vol qu’il faut maintenir. Plus la danse est rapide, plus la récolte s’annonce abondante. Les butineuses reçoivent le message et s’envolent séance tenante. Les butineuses meurent après quelques jours et plusieurs centaines de km parcourus.
Les plantes utiles
Toutes les plantes produisent du pollen. Seules les plantes appelées « mellifères » produisent du nectar ou du miellat, substances à partir desquelles les abeilles fabriquent le miel. Si vous possédez un jardin, ou même simplement quelques jardinières sur un balcon ou un rebord de fenêtre, plantez et cultivez des espèces mellifères. Vous participerez ainsi à la vie des colonies. La présence des abeilles favorisera la pollinisation des arbres fruitiers et plantes potagères. Les espèces rustiques et les fleurs sauvages sont souvent plus riches en pollen et nectar que les fleurs sophistiquées. N’hésitez pas à laisser croître dans une portion de votre jardin les « mauvaises herbes » : pissenlit, ortie, achillée, serpolet, pâquerettes, sainfoin… Vous pouvez aussi semer des mélanges de fleurs des prés, trèfle, bleuet, coquelicot, luzerne, qui composent de très jolis tapis colorés.
Les abeilles aiment, comme nous, le verger et le potager ! Elles se régalent entre autres des fleurs de légumes comme les courges et les tomates ainsi que de toutes les aromatiques : thym, romarin, menthe, sauge, mauve, verveine, bourrache, marjolaine (ou origan), camomille… En n’oubliant pas la lavande qui fleurit en été. Les fruitiers leur apportent de la nourriture. Certains en hiver comme le noisetier. Ou en début de printemps comme les cerisiers ; mais souvent bien avant que les fleurs de nos montagnes n’apparaissent en masse. Alors … cet automne, plantons des fruitiers !
(à suivre dans le prochain n°)
JC Mengoni
Bonjour,
mis à part quelques nuances à apporter sur les durées de vie des ouvrières l’article sent le vécu et surtout le plaisir à regarder les abeilles rentrer et sortir le soir sur la planche de vol quand les oiseaux se parlent. Ces petits insectes infatigables assurent 80 % de la pollinisation des fruits et légumes que nous mangeons, que les agriculteurs produisent, et que parfois exportons. Nous leur devons un peu de considération, j’entends par là qu’il faut se révolter avec insistance contre les firmes agro-chimiques qui pondent des contre-études dans le but de mettre le doute sur les études produites par les organismes scientifiques et surtout à la presse qui serait favorable à l’agriculture biologique. Les raisons de se révolter sont infinies les abeilles en font partie. Aussi j’exprime tout mon respect à l’association Val-de-Quint et à Jean-Claude, pour ses tentatives et ses efforts pour la défendre.
Votre Bernard